EXPOSITION T-DOG 3000

Galerie Commune, Vernissage : le 13 mars
14 au 21 mars

ROUGE CENDRE

Rouge Cendre, Caecosphaeroma, Robotique organique, impressions 3D, projection photogrammétrie, arduino, textiles, cire, métal, led, casque, dimensions variables

Dans les interstices souterrains se nichent les partenaires de nos sols souillés qui agissent dans l’ombre. Nous sommes en 2333. Appelée par le gouvernement, une scientifique reconstitue une espèce disparue, le caecosphaeroma, nécessaire à la dépollution des eaux. Dans son laboratoire “d’expérisentience”, à partir d’archives de scans et de photogrammétrie, elle crée un modèle robotisé et son environnement sensoriel. Mais l’animal ne se donne jamais à voir. Á qui cherche-t-il à échapper ? Porte-t-il en lui la mémoire de ceux qu’il représente ? 

MARY COSTEAUX

Mary Costeaux, Memeto Crasse, étape 1, impression vue 3D, work in progress, dimensions variables

Memento Crasse explore la transmission et l’empreinte invisible de nos gestes à travers le temps. S’appuyant sur des processus naturels et des métamorphoses chimiques, elle évoque un organisme en perpétuelle évolution. L’installation interroge notre lien à l’héritage, à la mémoire collective et à l’impact humain sur l’environnement.

JORGE DANIEL JUNCO

Jorge Daniel Junco, Mine World, feuilles de roseau sur sphère, capteur infrarouge, vidéo, casque, 60 x 110 cm 

Mine World explore la question de l’empreinte cachée de l’extraction des ressources naturelles et de la mémoire des paysages transformés. Cette installation se compose d’une sphère en roseaux perforés, activée par la présence des visiteurs, et réalisée à partir de matériaux recyclés et organiques, tels que de la colle à base de farine de blé et d’amidon de pomme de terre. Chaque perforation, captée par un piézo, a servi à composer une bande sonore immersive, en écho au temps exact de son extraction et de sa transformation.

NO FLORIN-CONGAR, LUCIE KOODUN

No Florin-Congar et Lucie Koodun, BOB’S WORLD, installation, jeu vidéo, dimensions variables

L’exploration des abysses continue d’avancer et nous ne cessons de découvrir de nouvelles espèces. Pour vous, et à votre entière disposition, nous avons ramené un spécimen exclusif. Probablement le poisson le plus moche du monde, le Psychrolutes Marcidus ! Cette créature informe et ridiculement laide est très spéciale. Lorsqu’on la touche doucement, elle est molle et gélatineuse ; mais dès qu’une pression plus forte est appliquée, elle durcit ! Entre nous, nous avons appelé ce poisson Bob. C’est BOB’S World.

YOHAN PARATIAN

Yohan Paratian, Azur cubique, installation, 26, 3 x 85 cm, dimensions variables

Azur cubique est une installation qui explore la relation entre l’objet, la lumière et le mouvement. Ce cube capte et joue avec l’ombre projetée, créant des effets visuels changeants en fonction de l’angle de vue. L’élément distinctif de cette œuvre réside dans le mécanisme électrique motorisé placé sous l’étagère, qui permet à cette dernière de tourner lentement de façon aléatoire. Ce mouvement rotatif confère au cube une dynamique subtile, modifiant continuellement la perception de sa forme et de ses reflets sur le mur.

ADELE DESCAMPS

Adèle Descamps, Trace, pierre bleue, cire, appareil à raclette, 40 x 40 x 20 cm

Cette installation de bougies votives interroge le lien entre foi et matérialité. Chaque cierge incarne une prière, un espoir, mais leur incomplète combustion souligne un paradoxe : objets sacrés, ils sont pourtant voués à l’abandon. En fondant, la cire témoigne de la tension entre spiritualité et attachement au monde physique. Le spectateur assiste à cette transformation : les flammes disparaissent, ne laissant qu’une empreinte figée sur la pierre. Cette pièce éphémère oscille entre recueillement et perte, questionnant la trace laissée par le rituel et la mémoire des objets sacrés.

BENJAMIN CLAUX

Benjamin Claux, Spatium Fantasma, installation vidéo, métal, lumière, téléviseur cathodique, radio, livre et arduino, dimensions variables

Spatium Fantasma retrace l’expérience d’une tentative de contact avec le fantôme d’un astronaute mort pendant la conquête spatiale. En utilisant une technique développée par l’armée américaine en 1943, qui consiste à envoyer des ondes électromagnétiques sur la Lune pour qu’elles y rebondissent, associée à l’utilisation plus moderne de la radio comme ghost box, l’installation tend à étendre les frontières terrestres du son et à mettre en évidence les fils invisibles qui relient les êtres au cosmos et au temps. 

ELIOTT LASSERON

Lasseron Eliott, REXLINE, carcasse de micro onde, bois, stepper moteur, arduino, driver, dimensions variables
Lasseron Eliott, REXLINE, carcasse de micro onde, bois, stepper moteur, arduino, driver, dimensions variables

REXLINE est une sculpture animée composée d’une carcasse de micro-ondes, montée sur quatre pattes en bois et remuant la queue. De manière humoristique, cette pièce s’inscrit dans un jeu interespèce croisant  les codes des humains, des animaux et des machines. De par son hybridation, ce nouvel individu cherche à démontrer la possibilité d’une cohabitation affective entre les êtres vivants et non vivants.

NICOLAS MARKOVIC

Nicolas Markovic, Morts en communs, gravure sur Plexiglas, 87 x 52,5 cm

Morts en communs donne à voir une illustration réalisée lors de mes balades dans les différents cimetières de la métropole de Lille. Cette illustration est un amalgame mémoriel des éléments composant ces lieux (végétaux, monuments, identités), qui convoque le souvenir des défunts partageant avec nous l’espace urbain. La transparence du plexiglas permet d’ajouter à la composition les spectateurs et l’espace d’exposition, formant ainsi un miroir ou une fenêtre vers l’oubli inévitable. 

Il neige doucement sur tous les vivants comme sur les morts.

SANDRO DEMAY

Demay Sandro, Mute the Silence, installation immersive, impressions 3D, lidar, 200 x 200 cm

Asseyez-vous, mettez votre casque de privation sensorielle et… ne faites rien. Plongé.es dans l’obscurité et le silence, les participant.es partagent un moment où chaque seconde s’accumule sur un chronomètre central. Pas de notifications, pas de musique, juste vous, le temps qui passe. Une expérience entre méditation forcée et test de patience, qui pose une question simple : combien de temps peut-on tenir sans distraction ?

LILO MONTAGNE

Lilo Montagne, Fragments, triptyque plaques de plomb, dimensions variables

Entre esthétique industrielle et organique, Fragments est un triptyque où l’on se retrouve face à une matière toxique mais qui pourtant nous intrigue. C’est un travail autour de la recherche d’un mouvement informe. Les plaques de plomb ont été gravées par pointillisme, ce qui produit ce mouvement informe et révèle un aspect organique. Pour les alchimistes, le plomb est le point de départ du travail spirituel, l’élément à transformer en or.

Thématique de recherche : partenaires non humains

La thématique des « partenaires non humains » invite à une redéfinition des paradigmes classiques de la création artistique en questionnant la place centrale et exclusive de l’humain dans le processus créatif. Cette perspective élargie reconnaît l’implication active d’entités autres qu’humaines – qu’elles soient vivantes (plantes, animaux, micro-organismes) ou non vivantes (algorithmes, machines, matériaux) – en tant que partenaires à part entière dans l’élaboration de l’œuvre. Elle vise à questionner l’exceptionnalisme humain et à repenser les manières dont l’empathie envers les plus qu’humains participe au processus artistique.

Dans cette optique, l’artiste n’est plus envisagé·e comme l’unique auteur·ice ou détenteur·ice de l’intention artistique. Il ou elle devient plutôt un·e médiateur·ice ou co-créateur·ice, travaillant en interaction avec ces entités pour produire des œuvres qui émergent d’un dialogue ou d’un processus partagé. Par exemple, les artistes collaborent avec des organismes vivants, comme des champignons ou des bactéries, des esprits ou des objets techniques et technologiques pour élaborer des créations évolutives.

Cette approche interroge profondément notre rapport au monde en proposant une vision moins anthropocentrée de la création, où l’interdépendance entre humains et non-humains devient une source de production artistique. Elle ouvre également des perspectives critiques sur les enjeux écologiques et technologiques contemporains. À une époque marquée par l’urgence climatique, cette pratique artistique peut être perçue comme une tentative de réconcilier l’humain avec son environnement et de travailler sur la notion d’empathie en valorisant des modes de collaboration qui respectent et intègrent la diversité du vivant et du non-vivant en soulignant leur agentivité.

En redéfinissant les rôles et les relations dans le processus créatif, la thématique des « partenaires non humains » invite à reconsidérer la fonction même de l’art : non plus seulement comme un produit final, mais comme un processus : espace d’expérimentation et de réflexion sur les relations interconnectées qui façonnent notre monde. Cette évolution reflète une sensibilité accrue aux défis et transformations de notre époque, tout en renouvelant les pratiques et les discours artistiques.

Présentation de Tipping Point : What if ?

Programme de recherche 2023-24

Poursuivant son questionnement sur les relations entre les arts, les sciences et les technologies, le programme de recherche Prist s’emploie, dans cette nouvelle édition, à examiner les mondes vivants non humains, d’une part (ARC Prist Mondes vivants), et les univers spécifiques des documents, archives et mémoires, d’autre part (Séminaire saPRISTi). Ces deux réalités, évoluant en parallèle à la nôtre, tout en étant intriquées à nos devenir, exigent une exploration approfondie. 

Comme chaque année, le programme regroupe une quinzaine d’étudiant·es du second cycle et de troisième année. En janvier, il s’enrichit de la collaboration de Polytech’Lille où, sous la forme de binômes, les étudiants en art co-produisent leur pièce avec les étudiants ingénieurs.

Le résultat des recherches plastiques est présenté sour la forme d’une exposition du 4, avril au 11 avril à la Galerie Commune, Esä, Tourcoing.

Vernissage le jeudi 4 avril, 18h00, Galerie Commune, Esä, Tourcoing.

Thématiques

L’ARC Prist Mondes vivants s’emploie à questionner les relations complexes que les arts entretiennent avec les sociétés productivistes, bercées par le mythe de la croissance. Pour cela, il est apparu judicieux de poser les mondes vivants non humains au cœur de la réflexion, en incitant les jeunes artistes à reconsidérer les modes de perceptions et d’existences autres qu’humaines. Ce projet engage également à prendre conscience de l’impact sur les écosystèmes des matériaux artistiques, d’en interroger les mécanismes d’extraction souvent nécessaire à leur existence.

En réfléchissant aux écosystèmes et en travaillant sur l’empathie envers les végétaux et les autres qu’humains, ce projet entend inventer des formes et des problématiques artistiques qui interrogent de manière critique les contextes urbains et artificiels dans lesquels les acteurs et les actrices de l’art, dans leur majorité, se situent actuellement. Dans une perspective historique, comment peuvent-ils·elles  s’émanciper de l’héritage des mouvements avant-gardistes artistiques dont certains se sont si promptement ajustés aux imaginaires liés aux technologies et aux idéologies du Progrès ? Comment orienter la recherche et la sensibilité artistique vers les mondes non humains dont les les sociétés humaines dépendent, ne fusse que pour respirer.

Le séminaire de recherche-création saPRISTi! se centre autour du basculement — des enjeux mémoriels initiaux vers la spéculation ou la formulation d’hypothèses contrefactuelles — qu’entraînent parfois les formes engendrées par l’utilisation des outils numériques (scanner 3D, photogrammétrie, LIDAR, etc.) permettant l’enregistrement et la modélisation en trois dimensions des cultures matérielles.

En interrogeant conjointement les outils en usage pour numériser, modéliser, imprimer ou simuler, et le rapport de l’archéologie et de l’histoire à la fiction, nous soulevons un faisceau de questions redoutables ! Qu’est-ce qu’un fait, et que peut-il bien être pour un artiste ? Qu’est-ce qu’un factoïde ? Un contrefait ? Comment les distinguer des fakes ? Qu’est qui explique les séductions du faux en archéologie ? etc. Nous présentons ici les premières étapes vers la réalisation d’un projet que nous menons dans ce cadre en partenariat avec le groupe Vallourec.

Works : description

Nazif Can Akçalı, Mycoderma aceti, Mère de vinaigre, pommes, eau, verre, métal, 45 x 45 x 140 cm, 2023

Cette installation se compose d’un aquarium et d’une projection. Dans l’aquarium, on observe la fermentation du vinaigre de pomme à laquelle j’ai ajouté plusieurs “mères de vinaigre” que j’ai produites. Aux côtés de cette mère de vinaigre – nommée Mycoderma aceti -, est projetée une vidéo qui montre des images de bactéries observées à l’Université de Lille avec l’aide ede Corentin Spriet. J’ai ensuite appliqué un traitement de ces images par une intelligence artificielle.

Le vinaigre est le résultat de la fermentation, qui est un mécanisme de production d’énergie. Lorsqu’on observe ce processus, on remarque que les bactéries acétiques se réunissent pour former un biofilm. Il s’agit d’une substance composée de polymères créés par différentes espèces de bactéries, afin d’augmenter l’énergie pour mieux résister aux facteurs environnementaux.

Selon la théorie évolutionniste endosymbiotique, les bactéries unicellulaires se sont combinées pour produire plus d’énergie. Elles ont ainsi formé des organismes pluricellulaires. Aujourd’hui, la dépendance aux énergies fossiles conduit aux injustices, aux guerres et à une société de plus en plus individualiste. Examiner les processus à l’œuvre dans la fabrication d’un biofilm et observer les interdépendances permet de réfléchir à nouveaux frais aux systèmes énergétiques de ce monde. Il convient d’apprendre à se réunir, à créer notre propre biofilm pour réinventer le futur.

Réalisé en collaboration avec Corentin Spriet, Ingénieur de recherche au CNRS, Ségolène Arnauld, Ingénieure de recherche et Théo Berlemont, Stagiaire au Département Génie Biologique et Alimentaire de Polytech, dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences, Polytech’Lille-Esä.


Amandine Augustak, Phalène, Tarlatane, métal, cire, impression 3D, tirage avec contamination, 180 x 50 x 50 cm, 2023

Mon travail dépeint les strates des espaces que nous habitons, questionne la place et la cohabitation du vivant et non-vivant dans des territoires qui ne cessent de se réinventer. À travers le médium de l’image et des sciences, je cherche le point exact de métamorphose de nos paysages. Il s’agit d’affranchir les limites du temps, posant ses images dans plusieurs réalités, faisant muer les frontières du réel pour proposer au spectateur de nouveaux mondes. Je m’affranchis des limites spatiales pour venir habiter les interstices du paysage, m’intéressant à ce qui est mouvant, latent ou en suspens afin de ne retenir que les points de tensions de ce monde. Ces images jouent avec les frontières de l’onirisme.

Phalène est une installation se déployant dans le temps, proposant au spectateur un regard sur l’état des corps, la transmutation des matières. Elle est une réflexion sur ce que nos paysages peuvent devenir, proposant d’ouvrir les portes d’un nouveau et possible paysage. Phalène hybride un ensemble d’artefacts que l’on a abandonnés aux bras du passé, un ensemble de corps oubliés. Outils ou objets manufacturés, matériaux transformés, documents d’archives, images, cartes ou supports cartographiques, un large ensemble retrouvé à travers les souterrains d’anciennes exploitations industrielles qui ont contaminé et transformé toute nature environnante. Un micro-monde où le regard se déploie dans une narration entre les substances et formes, apparition et disparition, une traversée dans différentes temporalités.

Réalisé en collaboration avec Matthieu Duban, ingénieur de recherche biologie moléculaire à l’Université de Lille.


Veronica De Oliveira Mota, In Vitro Vivo, Plaques de Plexiglas, gélose nutritive, lierre terrestre, eau salée, laitue de mer, 40 x 33 cm, 2023

In Vitro Vivo : à l’intérieur du verre je vis. Le verre est ici remplacé par du Plexiglas manufacturé, à l’intérieur duquel évoluent des êtres végétaux gardés en vie de manière artificielle. À l’aide d’une lumière horticole et de gélose nutritive, le lierre terrestre et la laitue de mer évoluent déracinés de leur environnement premier. À l’intérieur de la surface en Plexiglas se dessinent des cercles et des sillons qui contraignent le développement des végétaux à une forme à laquelle je les assujettis. Le matériau transparent qu’est le Plexiglas se révèle invisible pour la plante, mais la transforme tout de même. Ce projet est une réflexion autour de la capacité d’un être vivant à pouvoir se développer dans un environnement qu’on lui impose. C’est un questionnement sur la contrainte du végétal à évoluer dans un espace totalement artificiel et cloîtré. La cohabitation entre organisme végétal et environnement synthétique est-elle vraiment possible ? La pulsion de vie de l’être vivant est-elle à elle seule nécessaire à son bon développement ? Quel est donc ce dispositif artificiel dans lequel on se love ?

Réalisé en collaboration avec Barbara Bouet, étudiante ingénieure en Génie biologique et Alimentaire, dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences, Polytech’Lille-Esä.


Adeline Defontaine, Victoria Quiring, Melinoe, Mère de Kombucha, bac en verre, eau, thé vert, sucre, vinaigre de cidre, 115 x 125 x 30 cm, 2023

« Notre souffle ne va pas s’épuiser dans notre cadavre : il va alimenter tous ceux qui trouveront en lui une scène à célébrer. »

Emanuele Coccia, Métamorphoses, ed. Payot & Rivages, Paris, 2020

À l’entrecroisement des notions de renaissance, de matérialité partagée et d’énergies, l’installation Melinoe entend questionner la capacité du monde vivant à capter les énergies, qu’elles soient naturelles ou spirituelles, dans le but de re-donner naissance à de nouvelles formes de vie. En tant qu’œuvre vivante amenée à évoluer durant l’exposition, le SCOBY (Symbiotic Culture Of Bacteria and Yeast), mis ici en culture et constituant l’être central de cette installation, génère une membrane de plus en plus épaisse et au devenir singulier. Destinée à s’élever semblablement à la re-naissance d’une entité à l’aspect fantomatique, celle-ci se trouve pour le moment dans un état latent, puisant son souffle vital au cœur des énergies qui constituent l’exposition et nous amenant à repenser les flux d’énergie et de matière sous forme de phénomènes intra-actifs. Ainsi, en tant qu’être-poussant, Melinoe vient pointer du doigt les liens immanents qui nous unissent au monde vivant dans une spiritualité et une matérialité partagée. 


Cécilia Diette, Ce qui restera, Téléviseur cathodique, micro-organismes, plastique, déchets, eau, dimensions variables, 2023

Que laisserons-nous derrière nous lorsque l’extinction de l’homme sera à son paroxysme ?

Ce qui restera est un projet qui explore l’impact du changement climatique. Il réfléchit de manière critique à la responsabilité du modèle productiviste face à l’urgence écologique et à l’éradication de la biodiversité. Cette installation se compose d’un téléviseur cathodique qui laisse apparaître à travers son écran divers éléments tels que des déchets, des plastiques et du liquide. Ainsi, au lieu de nous divertir, cet écran nous oblige à faire face à la réalité environnementale. J’ai choisi de détourner un téléviseur pour évoquer le rôle de la télévision, et plus largement de la publicité, dans la structuration de nos modes de vie. Cet objet apparaît massivement dans les foyers à partir des années 60, en plein développement de la société de consommation. Commence alors l’invasion des images publicitaires qui incitent à la consommation. Dans cette installation, ces images publicitaires sont remplacées par un amoncellement de déchets, conséquence du consumérisme aux effets dévastateurs. Par la suite, le projet sera complété par une série de téléviseurs, renvoyant en cela au modèle de la surproduction. Chaque téléviseur recyclé sera transformé en un objet spécifique qui évoquera à sa manière l’incapacité à penser les limites du système Terre.

Réalisé en collaboration avec Maxence Laurent, étudiant ingénieur en Systèmes embarqués, dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences, Polytech’Lille-Esä.


Thomas Ferreira, Alter réalités, Imprimante 3D, profilés aluminium, écran, câbles électroluminescents, 130 x 100 x 170 cm, 2023

Alter réalités est une installation globale qui explore la relation complexe entre la technologie, la nature et la production artistique. L’installation est composée d’une imprimante 3D, d’un système de recyclage et d’un écran diffusant des modèles 3D de plantes artificielles générées par une intelligence artificielle. Cette machine, montée sur une structure en profilé aluminium, est conçue pour fonctionner de manière autonome en se nourrissant de sa propre production.

L’installation interroge également les notions d’autonomie, de singularité et d’autophagie en tant que système de production. La pièce propose, dans une sorte de science-fiction, une vision dystopique d’un futur où les ressources naturelles sont épuisées, laissant les technologies et les Intelligences Artificielles être la seule source de création. En utilisant l’impression 3D, la machine questionne également les relations entre la matière et la forme, ainsi que les implications écologiques de la production de masse.

Réalisé en collaboration avec Maxence Neus et Zoubida Zarhloul, étudiant.e.s ingénieur.e.s dans leurs départements respectifs Système Embarqués et Génie Civil, dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences, Polytech’Lille-Esä.


Nathalie Lesure, Nymphales, Algues, soie, bois, eau salée, LED, dimensions variables, 2023

L’essence de ma pratique est fortement liée aux structures du vivant et au monde naturel. C’est surtout la dimension de la transformation, les états hybrides entre différentes formes organiques qui reviennent dans ma démarche. 

Inspirée des différents stades de métamorphose d’insectes, l’installation Nymphales est marquée par l’apparition fluctuante de végétaux marins. Placées à l’intérieur de pochettes de soie, des algues séchées émergent d’une bassine d’eau salée. Au fur et à mesure, le tissu est de plus en plus rongé et teinté par cette décoction. L’intérieur des cocons devient visible par un éclairage fluctuant selon la présence du corps du visiteur : les degrés de transparence évoluent d’une manière sensible. Ainsi, les fluides, le tissu et le végétal se déforment et se rencontrent dans un milieu de résonance. Tout est en relation à l’un et l’autre, un réseau de connexions entre contenu et contenant.

« Your relations with others get inside you and make you the being you are. And they get inside the others as well. […] Beings do not so much interact as intra-act; they are inside the action. »

Tim Ingold

Réalisé en collaboration avec Anas Mazoz, étudiant en Systèmes embarqués, dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences, Polytech’Lille-Esä.


Chuhui Luo, L’eau submergera les terres, Vidéoprojection, film 8 mm, modélisation en 3D, 6 min, 2023

L’eau submergera les terres est un film qui s’appuie sur l’histoire du barrage de Tignes, un barrage hydroélectrique situé dans la haute vallée de l’Isère et dans la vallée de la Tarentaise, dans le département de la Savoie, en France. Ce projet a entraîné l’expulsion des habitants du village originel de Tignes en 1952, qui a été démoli, détruit puis englouti. On observe dans ce film des archives photographiques et une modélisation en 3D de données géographiques.

Dans ce projet, la piste suivie est celle d’une lettre écrite par un anonyme de ce village disparu. Une histoire qui retrace la catastrophe qui se cache derrière les villages inondés, ou encore les traces de la transformation de la nature par les humains. C’est une histoire d’identité perdue, de souvenirs noyés et d’expulsions forcées, entrecoupée de discussions sur le temps passé et le temps présent.

Réalisé en collaboration avec Louis Miglioretti, étudiant ingénieur en Génie Civil, dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences, Polytech’Lille-Esä.


LVCH, Périmètre n°1, Installation performative, dimensions variables, 2023

Périmètre n°1 est une performance collective d’une durée indéterminée, sur une surface indéterminée. Nous nous basons sur l’imaginaire de l’Aura. Notre recherche pseudo-scientifique repose sur l’interprétation, via l’interface que peut être le multimètre, du potentiel électrique traversant la plante, faisant ici office de capteur. Ce courant électrique est peut‑être, comme pour nous autres humains (système nerveux), un vecteur d’information ou code informationnel. Dans une boucle de réaction intuitive, nous produisons des gestes, observons l’influence ou non du geste sur l’Aura et ainsi produisons d’autres gestes, d’autres observations.

Un protocole est alors mis en place, mettant en lumière des questionnements à caractère tantôt esthétique (notre façon de créer, avec des gestes pouvant être répétés lorsque l’on produit : casser, recouvrir, post‑iter…), tantôt sociétale (par la mise en situations, des scènes de vie quotidienne, d’expérience traumatique : bizutage, rupture, isolement…).


Yuliya Makogon, Je vois ma maison dans le noir, Vidéoprojection, dimensions variables, 2023, 10 mn

Je vois ma maison dans le noir est un documentaire expérimental qui explore la vie à Kyiv et dans sa région pendant la grande guerre en Ukraine, en se concentrant sur les espaces collectifs et privés. La vidéo met en scène les expériences des individus qui tentent de préserver leur vie malgré les alertes aériennes et les coupures d’électricité fréquentes en hiver.

La vidéo se compose de plusieurs interventions qui adoptent une structure narrative similaire à celle d’un recueil de récits, soulignant ainsi la pluralité des histoires de la guerre et l’impossibilité de n’en retenir qu’une seule. Pour y parvenir, le concept de fragments est utilisé pour donner une perspective subjective et reconnaître les imprécisions et les lacunes. Cela encourage à réfléchir sur les différentes manières de raconter l’histoire, et favorise un dialogue visuel sur ce sujet complexe.


Janitta Pel, Archéologie Anthropique des Pierres, Béton, brique, pierre bleue, mortier, parpaing, carrelage, microcontrôleur, photorésistance, lampe, tablette, papier, dimensions variables, 2023

Au fondement de l’émergence de la vie sur terre, il y a ces pierres inertes mais précieuses, non renouvelables et pourtant surexploitées de manière massive par les activités humaines. Ces actions de notre temps transforment et font évoluer ces pierres en des objets hybrides à la fois naturels et artificiels, nous incitant à rechercher de nouvelles manières d’observer, d’analyser, d’interpréter. Nicolas Nova, chercheur et socio-anthropologue franco-suisse, parle d’une ère « post-naturelle » à laquelle nous faisons face, où ces spécimens créés par les humains portent les symptômes de nos conditions modernes.

Ce laboratoire invite toutes personnes curieuses à étudier des pierres issues de diverses fouilles de chantiers industriels, telles des archéologues cherchant à analyser des découvertes. L’expérimentation consiste ainsi à capter le pouvoir de ces différentes pierres, celui de réfléchir la lumière environnante grâce à un système électronique (composé d’une photorésistance, d’un micro-contrôleur et d’un écran LCD ou « écran à cristaux liquides » indiquant des valeurs chiffrées en temps réel) et d’une lampe directionnelle. Puis il s’agit de rendre compte, d’interpréter, de partager, de laisser une trace.

Nous proposons à travers cette expérience de voir en la matière, au-delà de sa conception matérialiste et anthropique, une dimension énergétique interactive, pouvant être invisible voire « mystique ». Tentons-nous de faire chanter les pierres lorsqu’elles font l’énigme de nos limites perceptives ?

Réalisé en collaboration avec Matthieu Papaseit, Marie Regnier et Fatoumata-Diaraye Diallo, étudiant.e.s ingénieur.e.s dans leurs départements respectifs Systèmes Embarqués, Matériaux et Génie Civile, dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences, Polytech’Lille-Esä.


Exposition : Zone Partagée, agentivité des mondes numériques et des écureuils

Du 06/04/23 au 12/04/23 – Galerie Commune, Tourcoing

Inscrite dans le cadre du programme de recherche PRIST, l’exposition Zone partagée – Agentivité des mondes numériques et des écureuils réunit les œuvres de 13 étudiant.e.s. Cette exposition invite à ouvrir par les formes aux imaginaires situés au-delà de la raison guidée par la science moderne et le progrès. Comment inventer des outils capables de détecter des entités invisibles ? Comment peut-on cohabiter avec les mondes vivants non-humains ?  Et quelle habitabilité leur construit-on ?

Le titre de l’exposition “Zone Partagée, agentivité des mondes numériques et des écureuils”, qui fait écho aux Zones A Défendre, revient sur la notion de partage, partage des biens communs contre la mainmise par les intérêts privés sur les ressources naturelles, contre la disparition des services publics au profit du privé. Il est urgent de comprendre que les écureuils, ici métaphores des vivants non-humains, sont les acteurs de l’habitabilité de notre système Terre. Ils sont le climat.


Nazif Can Akçalı, Mycoderma aceti, Mère de vinaigre, pommes, eau, verre, métal, 45 x 45 x 140 cm, 2023

Cette installation se compose d’un aquarium et d’une projection. Dans l’aquarium, on observe la fermentation du vinaigre de pomme à laquelle j’ai ajouté plusieurs “mères de vinaigre” que j’ai produites. Aux côtés de cette mère de vinaigre – nommée Mycoderma aceti -, est projetée une vidéo qui montre des images de bactéries observées à l’Université de Lille avec l’aide ede Corentin Spriet. J’ai ensuite appliqué un traitement de ces images par une intelligence artificielle.

Le vinaigre est le résultat de la fermentation, qui est un mécanisme de production d’énergie. Lorsqu’on observe ce processus, on remarque que les bactéries acétiques se réunissent pour former un biofilm. Il s’agit d’une substance composée de polymères créés par différentes espèces de bactéries, afin d’augmenter l’énergie pour mieux résister aux facteurs environnementaux.

Selon la théorie évolutionniste endosymbiotique, les bactéries unicellulaires se sont combinées pour produire plus d’énergie. Elles ont ainsi formé des organismes pluricellulaires. Aujourd’hui, la dépendance aux énergies fossiles conduit aux injustices, aux guerres et à une société de plus en plus individualiste. Examiner les processus à l’œuvre dans la fabrication d’un biofilm et observer les interdépendances permet de réfléchir à nouveaux frais aux systèmes énergétiques de ce monde. Il convient d’apprendre à se réunir, à créer notre propre biofilm pour réinventer le futur.

Réalisé en collaboration avec Corentin Spriet, Ingénieur de recherche au CNRS, Ségolène Arnauld, Ingénieure de recherche et Théo Berlemont, Stagiaire au Département Génie Biologique et Alimentaire de Polytech, dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences, Polytech’Lille-Esä.


Amandine Augustak, Phalène, Tarlatane, métal, cire, impression 3D, tirage avec contamination, 180 x 50 x 50 cm, 2023

Mon travail dépeint les strates des espaces que nous habitons, questionne la place et la cohabitation du vivant et non-vivant dans des territoires qui ne cessent de se réinventer. À travers le médium de l’image et des sciences, je cherche le point exact de métamorphose de nos paysages. Il s’agit d’affranchir les limites du temps, posant ses images dans plusieurs réalités, faisant muer les frontières du réel pour proposer au spectateur de nouveaux mondes. Je m’affranchis des limites spatiales pour venir habiter les interstices du paysage, m’intéressant à ce qui est mouvant, latent ou en suspens afin de ne retenir que les points de tensions de ce monde. Ces images jouent avec les frontières de l’onirisme.

Phalène est une installation se déployant dans le temps, proposant au spectateur un regard sur l’état des corps, la transmutation des matières. Elle est une réflexion sur ce que nos paysages peuvent devenir, proposant d’ouvrir les portes d’un nouveau et possible paysage. Phalène hybride un ensemble d’artefacts que l’on a abandonnés aux bras du passé, un ensemble de corps oubliés. Outils ou objets manufacturés, matériaux transformés, documents d’archives, images, cartes ou supports cartographiques, un large ensemble retrouvé à travers les souterrains d’anciennes exploitations industrielles qui ont contaminé et transformé toute nature environnante. Un micro-monde où le regard se déploie dans une narration entre les substances et formes, apparition et disparition, une traversée dans différentes temporalités.

Réalisé en collaboration avec Matthieu Duban, ingénieur de recherche biologie moléculaire à l’Université de Lille.


Veronica De Oliveira Mota, In Vitro Vivo, Plaques de Plexiglas, gélose nutritive, lierre terrestre, eau salée, laitue de mer, 40 x 33 cm, 2023

In Vitro Vivo : à l’intérieur du verre je vis. Le verre est ici remplacé par du Plexiglas manufacturé, à l’intérieur duquel évoluent des êtres végétaux gardés en vie de manière artificielle. À l’aide d’une lumière horticole et de gélose nutritive, le lierre terrestre et la laitue de mer évoluent déracinés de leur environnement premier. À l’intérieur de la surface en Plexiglas se dessinent des cercles et des sillons qui contraignent le développement des végétaux à une forme à laquelle je les assujettis. Le matériau transparent qu’est le Plexiglas se révèle invisible pour la plante, mais la transforme tout de même. Ce projet est une réflexion autour de la capacité d’un être vivant à pouvoir se développer dans un environnement qu’on lui impose. C’est un questionnement sur la contrainte du végétal à évoluer dans un espace totalement artificiel et cloîtré. La cohabitation entre organisme végétal et environnement synthétique est-elle vraiment possible ? La pulsion de vie de l’être vivant est-elle à elle seule nécessaire à son bon développement ? Quel est donc ce dispositif artificiel dans lequel on se love ?

Réalisé en collaboration avec Barbara Bouet, étudiante ingénieure en Génie biologique et Alimentaire, dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences, Polytech’Lille-Esä.


Adeline Defontaine, Victoria Quiring, Melinoe, Mère de Kombucha, bac en verre, eau, thé vert, sucre, vinaigre de cidre, 115 x 125 x 30 cm, 2023

« Notre souffle ne va pas s’épuiser dans notre cadavre : il va alimenter tous ceux qui trouveront en lui une scène à célébrer. »

Emanuele Coccia, Métamorphoses, ed. Payot & Rivages, Paris, 2020

À l’entrecroisement des notions de renaissance, de matérialité partagée et d’énergies, l’installation Melinoe entend questionner la capacité du monde vivant à capter les énergies, qu’elles soient naturelles ou spirituelles, dans le but de re-donner naissance à de nouvelles formes de vie. En tant qu’œuvre vivante amenée à évoluer durant l’exposition, le SCOBY (Symbiotic Culture Of Bacteria and Yeast), mis ici en culture et constituant l’être central de cette installation, génère une membrane de plus en plus épaisse et au devenir singulier. Destinée à s’élever semblablement à la re-naissance d’une entité à l’aspect fantomatique, celle-ci se trouve pour le moment dans un état latent, puisant son souffle vital au cœur des énergies qui constituent l’exposition et nous amenant à repenser les flux d’énergie et de matière sous forme de phénomènes intra-actifs. Ainsi, en tant qu’être-poussant, Melinoe vient pointer du doigt les liens immanents qui nous unissent au monde vivant dans une spiritualité et une matérialité partagée. 


Cécilia Diette, Ce qui restera, Téléviseur cathodique, micro-organismes, plastique, déchets, eau, dimensions variables, 2023

Que laisserons-nous derrière nous lorsque l’extinction de l’homme sera à son paroxysme ?

Ce qui restera est un projet qui explore l’impact du changement climatique. Il réfléchit de manière critique à la responsabilité du modèle productiviste face à l’urgence écologique et à l’éradication de la biodiversité. Cette installation se compose d’un téléviseur cathodique qui laisse apparaître à travers son écran divers éléments tels que des déchets, des plastiques et du liquide. Ainsi, au lieu de nous divertir, cet écran nous oblige à faire face à la réalité environnementale. J’ai choisi de détourner un téléviseur pour évoquer le rôle de la télévision, et plus largement de la publicité, dans la structuration de nos modes de vie. Cet objet apparaît massivement dans les foyers à partir des années 60, en plein développement de la société de consommation. Commence alors l’invasion des images publicitaires qui incitent à la consommation. Dans cette installation, ces images publicitaires sont remplacées par un amoncellement de déchets, conséquence du consumérisme aux effets dévastateurs. Par la suite, le projet sera complété par une série de téléviseurs, renvoyant en cela au modèle de la surproduction. Chaque téléviseur recyclé sera transformé en un objet spécifique qui évoquera à sa manière l’incapacité à penser les limites du système Terre.

Réalisé en collaboration avec Maxence Laurent, étudiant ingénieur en Systèmes embarqués, dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences, Polytech’Lille-Esä.


Thomas Ferreira, Alter réalités, Imprimante 3D, profilés aluminium, écran, câbles électroluminescents, 130 x 100 x 170 cm, 2023

Alter réalités est une installation globale qui explore la relation complexe entre la technologie, la nature et la production artistique. L’installation est composée d’une imprimante 3D, d’un système de recyclage et d’un écran diffusant des modèles 3D de plantes artificielles générées par une intelligence artificielle. Cette machine, montée sur une structure en profilé aluminium, est conçue pour fonctionner de manière autonome en se nourrissant de sa propre production.

L’installation interroge également les notions d’autonomie, de singularité et d’autophagie en tant que système de production. La pièce propose, dans une sorte de science-fiction, une vision dystopique d’un futur où les ressources naturelles sont épuisées, laissant les technologies et les Intelligences Artificielles être la seule source de création. En utilisant l’impression 3D, la machine questionne également les relations entre la matière et la forme, ainsi que les implications écologiques de la production de masse.

Réalisé en collaboration avec Maxence Neus et Zoubida Zarhloul, étudiant.e.s ingénieur.e.s dans leurs départements respectifs Système Embarqués et Génie Civil, dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences, Polytech’Lille-Esä.


Nathalie Lesure, Nymphales, Algues, soie, bois, eau salée, LED, dimensions variables, 2023

L’essence de ma pratique est fortement liée aux structures du vivant et au monde naturel. C’est surtout la dimension de la transformation, les états hybrides entre différentes formes organiques qui reviennent dans ma démarche. 

Inspirée des différents stades de métamorphose d’insectes, l’installation Nymphales est marquée par l’apparition fluctuante de végétaux marins. Placées à l’intérieur de pochettes de soie, des algues séchées émergent d’une bassine d’eau salée. Au fur et à mesure, le tissu est de plus en plus rongé et teinté par cette décoction. L’intérieur des cocons devient visible par un éclairage fluctuant selon la présence du corps du visiteur : les degrés de transparence évoluent d’une manière sensible. Ainsi, les fluides, le tissu et le végétal se déforment et se rencontrent dans un milieu de résonance. Tout est en relation à l’un et l’autre, un réseau de connexions entre contenu et contenant.

« Your relations with others get inside you and make you the being you are. And they get inside the others as well. […] Beings do not so much interact as intra-act; they are inside the action. »

Tim Ingold

Réalisé en collaboration avec Anas Mazoz, étudiant en Systèmes embarqués, dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences, Polytech’Lille-Esä.


Chuhui Luo, L’eau submergera les terres, Vidéoprojection, film 8 mm, modélisation en 3D, 6 min, 2023

L’eau submergera les terres est un film qui s’appuie sur l’histoire du barrage de Tignes, un barrage hydroélectrique situé dans la haute vallée de l’Isère et dans la vallée de la Tarentaise, dans le département de la Savoie, en France. Ce projet a entraîné l’expulsion des habitants du village originel de Tignes en 1952, qui a été démoli, détruit puis englouti. On observe dans ce film des archives photographiques et une modélisation en 3D de données géographiques.

Dans ce projet, la piste suivie est celle d’une lettre écrite par un anonyme de ce village disparu. Une histoire qui retrace la catastrophe qui se cache derrière les villages inondés, ou encore les traces de la transformation de la nature par les humains. C’est une histoire d’identité perdue, de souvenirs noyés et d’expulsions forcées, entrecoupée de discussions sur le temps passé et le temps présent.

Réalisé en collaboration avec Louis Miglioretti, étudiant ingénieur en Génie Civil, dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences, Polytech’Lille-Esä.


LVCH, Périmètre n°1, Installation performative, dimensions variables, 2023

Périmètre n°1 est une performance collective d’une durée indéterminée, sur une surface indéterminée. Nous nous basons sur l’imaginaire de l’Aura. Notre recherche pseudo-scientifique repose sur l’interprétation, via l’interface que peut être le multimètre, du potentiel électrique traversant la plante, faisant ici office de capteur. Ce courant électrique est peut‑être, comme pour nous autres humains (système nerveux), un vecteur d’information ou code informationnel. Dans une boucle de réaction intuitive, nous produisons des gestes, observons l’influence ou non du geste sur l’Aura et ainsi produisons d’autres gestes, d’autres observations.

Un protocole est alors mis en place, mettant en lumière des questionnements à caractère tantôt esthétique (notre façon de créer, avec des gestes pouvant être répétés lorsque l’on produit : casser, recouvrir, post‑iter…), tantôt sociétale (par la mise en situations, des scènes de vie quotidienne, d’expérience traumatique : bizutage, rupture, isolement…).


Yuliya Makogon, Je vois ma maison dans le noir, Vidéoprojection, dimensions variables, 2023, 10 mn

Je vois ma maison dans le noir est un documentaire expérimental qui explore la vie à Kyiv et dans sa région pendant la grande guerre en Ukraine, en se concentrant sur les espaces collectifs et privés. La vidéo met en scène les expériences des individus qui tentent de préserver leur vie malgré les alertes aériennes et les coupures d’électricité fréquentes en hiver.

La vidéo se compose de plusieurs interventions qui adoptent une structure narrative similaire à celle d’un recueil de récits, soulignant ainsi la pluralité des histoires de la guerre et l’impossibilité de n’en retenir qu’une seule. Pour y parvenir, le concept de fragments est utilisé pour donner une perspective subjective et reconnaître les imprécisions et les lacunes. Cela encourage à réfléchir sur les différentes manières de raconter l’histoire, et favorise un dialogue visuel sur ce sujet complexe.


Janitta Pel, Archéologie Anthropique des Pierres, Béton, brique, pierre bleue, mortier, parpaing, carrelage, microcontrôleur, photorésistance, lampe, tablette, papier, dimensions variables, 2023

Au fondement de l’émergence de la vie sur terre, il y a ces pierres inertes mais précieuses, non renouvelables et pourtant surexploitées de manière massive par les activités humaines. Ces actions de notre temps transforment et font évoluer ces pierres en des objets hybrides à la fois naturels et artificiels, nous incitant à rechercher de nouvelles manières d’observer, d’analyser, d’interpréter. Nicolas Nova, chercheur et socio-anthropologue franco-suisse, parle d’une ère « post-naturelle » à laquelle nous faisons face, où ces spécimens créés par les humains portent les symptômes de nos conditions modernes.

Ce laboratoire invite toutes personnes curieuses à étudier des pierres issues de diverses fouilles de chantiers industriels, telles des archéologues cherchant à analyser des découvertes. L’expérimentation consiste ainsi à capter le pouvoir de ces différentes pierres, celui de réfléchir la lumière environnante grâce à un système électronique (composé d’une photorésistance, d’un micro-contrôleur et d’un écran LCD ou « écran à cristaux liquides » indiquant des valeurs chiffrées en temps réel) et d’une lampe directionnelle. Puis il s’agit de rendre compte, d’interpréter, de partager, de laisser une trace.

Nous proposons à travers cette expérience de voir en la matière, au-delà de sa conception matérialiste et anthropique, une dimension énergétique interactive, pouvant être invisible voire « mystique ». Tentons-nous de faire chanter les pierres lorsqu’elles font l’énigme de nos limites perceptives ?

Réalisé en collaboration avec Matthieu Papaseit, Marie Regnier et Fatoumata-Diaraye Diallo, étudiant.e.s ingénieur.e.s dans leurs départements respectifs Systèmes Embarqués, Matériaux et Génie Civile, dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences, Polytech’Lille-Esä.


 

Module de co-création Arts et Sciences, Polytech’Lille – Esä-Tourcoing

16 – 20 janvier 2023

L’exploration critique de la notion plurielle d’énergie s’est trouvée à nouveaux frais explorée à travers le Module de co-création Arts et Sciences, Polytech’Lille / Esä qui s’est déroulé du 16 au 20 janvier 2023, dans le cadre du programme de recherche Prist, qui sera clôturé par l’exposition à la Galerie Commune, du 6 au 14 avril. 

Journée d’ouverture, 16/01/23

Ce module a rassemblé 11 étudiants de l’Esä et 15 étudiants en Master de l’École polytechnique universitaire de Lille, encadré par Christophe Chaillou (Université de Lille), Nathalie Stefanov, Hugo Dinër et Marie Lelouche, enseignants à l’Esä. Les artistes Mélanie Berger et Kostrzewa Hugo ont également pris part au projet. Pendant une semaine, jeunes artistes et ingénieurs ont développé leur projet de co-création, animés d’un désir de travailler en complémentarité sur le développement de la production artistique en vue de l’exposition Prist.

ARCHÉOLOGIE ANTHROPIQUE DES PIERRES
Janitta Pel, en filière Art.image de l’esä ( Instagram janitta_pel )&
Marie Regnier, en département Matériaux ;
Matthieu Papaseit, en Systèmes embarqués ;
et Fatoumata Diallo, en Génie civil de Polytech Lille

Suite à son lancement le lundi 16 janvier à l’Esä Tourcoing, le Module s’est tenu au Fabricarium, le Fablab de Polytech’Lille, espace de créativité regroupant différents outils pilotés par ordinateur permettant notamment le prototypage d’objets 3D.

Nazif Can Akçalı
Théo Berlemont
Département Génie Biologique et Alimentaire de Polytech
Projet: Mycoderma aceti

Avec :
Véronica De Oliveira Mota, Barbara Bouet, Cécilia Diette, Maxence Laurent, Thomas Ferreira, Maxence Neus, Zoubida Zarhloul, Chuihui Luo, Louis Miglioretti, Nathalie Lesure, Anas Mazoz, Clotilde Segard, Reda Ousalhi, Marc Andrieux, Aleksandre Zharaya, Logan Paquin, Loïc Bal, Janitta Pel, Marie Reignier, Matthieu Papaseit,Fatoumata-Diaraye Diallo, Amandine Rousseau, Florian Derlique, Thibault Meynier. Merci à Fabien Jonckeheere, Fabmanager.

Thomas FERREIRA – Maxence NEUS (SE)- Zoubida Zarhoul (2IA) – projet 3D Printing Loop
L’eau submergera les terres
ESA : Chuhui Luo
Polytech Lille : Louis Miglioretti
Soutenance 20/01/23