ADELINE DEFONTAINE

La chair du monde, Installation, machinerie mécanique, soufflet, circuit hydraulique et vidéo-projection, dimensions variables, 2022

Comment les nouvelles technologies modifient-elles la perception que l’on peut avoir de notre corps ? Quelles représentations avons-nous aujourd’hui de cette enveloppe charnelle brouillée par les réalités virtuelles qui tendent, selon certains points de vue, à l’effacement de notre matérialité physique ? La disparition de la chair, au travers d’une vision dualiste présupposant la primauté de l’âme sur le corps, est-elle aujourd’hui encouragée par l’avènement technologique ? 

La chair du monde est une installation composée d’un soufflet, simulant une respiration, autour duquel prend place un circuit hydraulique évoquant la mécanique intérieure de tout être vivant. En circulant autour, le spectateur fait l’expérience de cette œuvre qui comprend également, accolé à cette machinerie toute en transparence, un Plexiglas dépoli sur lequel est vidéo-projetée une modélisation 3D. L’être vivant modélisé, proche de l’humain mais pourtant dépourvu de visage, évolue dans un environnement onirique. Sa chair, translucide, rappelant la mécanique qui lui est associée, se liquéfie pour se confondre avec la réalité qui l’entoure tandis que la lumière de sa vidéo-projection vient nimber de ses rayons la machinerie, liant ainsi l’univers non palpable du numérique à notre réalité physique. 

La chair du monde est une évocation de la pensée merleau-pontienne qui fait apparaître la chair comme une substance commune rendant possible le rapport entre le sujet et le monde, l’unité du percevant et du perçu. L’œuvre tente alors de donner une réponse quant aux questionnements actuels relatifs à l’avènement technologique et met en avant une chair commune, au-delà du bits. 

Oeuvre réalisée en collaboration avec Julien Delannoy et Colin Chaise, étudiants à Polytech Lille, dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences,  Polytech’Lille-Esä.