Présentation du programme Master Mind

2015-2016 : Master Mind

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Laboratoire concerné :  Le SCALab, (Sciences Cognitives & Sciences Affectives), Université de Lille, 2015-2016

En 2015, nous avons amorcé la réflexion sur les possibles rencontres entre les arts et les sciences en orientant la recherche sur la question du corps dit “”augmenté”. Cet axe fut choisi par sa capacité à réunir à la fois les problèmes artistiques  et scientifiques relatifs au corps et au numérique et en tenant compte de la place importante que prenait alors dans l’actualité de la recherche scientifique l’intelligence artificielle. C’est sous l’angle des connaissances récentes produites dans le domaine des sciences cognitives que cet axe fut construit. Les rencontres avec des chercheurs en sciences cognitives eurent lieu au sein de la Plateforme technologique EquipEx. C’est ainsi que les étudiants ont pu prendre part à des « passations » dont l’objectif était de comprendre la réaction de leur cerveau à des stimuli liés au langage.

S’intéresser à la cognition, c’est interroger les processus et les mécanismes de l’apprentissage, la mémoire, l’émotion, le langage, la perception. Ici Louis Carmine est doté d’un d’électroencéphalogramme pour que le chercheur observe comment la fonction du langage s’élabore. Il s’apprête à dialoguer avec un ordinateur. Puis l’imagerie cérébrale prend le relais pour dénicher dans le cerveau humain comment la fonction du langage se met en place face à la machine. Il s’agit donc de mesurer l’activité du cerveau grâce à des électrodes posées sur le cuir chevelu. On récupère les courants, on repère les oscillations sur un tracé qui a les mêmes caractéristiques que les ondes sonores :  la fréquence d’oscillation et son amplitude.

Les étudiants ont pu saisir l’opportunité de visualiser sur écran leurs ondes cérébrales et d’intégrer cette imagerie cérébrale au sein de leur pratique. Les résultats de ces expériences et les travaux plastiques et visuels qu’elles ont suscitées  ont été réunis dans une exposition et un catalogue édité en 2016 sous le titre de Master Mind.

Plaine Image, Salle de conférence de la Plateforme technologique EquipEx, Cours sur les neurosciences aux étudiants de l’Esä, par Laurent Sparrow, octobre 2015
Préparation au test cognitif Plateforme technologique EquipEx, par le Laboratoire SCALab où sont menées des recherches en sciences cognitives et affectives. Ce laboratoire regroupe des chercheurs en psychologie en neurosciences fonctionnelles. Angèle Brunellière, chercheur associée au laboratoire, y effectuait alors une étude concernant les liens entre le cerveau et le langage. D’abord observateurs, Jules Barron et Louis Carmine sont devenus participants, prêtant
leurs activités cérébrales impliquées dans le langage aux mesures en
cours par électro-encéphalographie.

Le site de la Galerie Commune où s’est tenue l’exposition présente quelques vues de l’exposition Master Mind.

Présentation du programme AIR fictions

2018-2019 : AIR fictions

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Approches scientifiques et artistiques du réchauffement climatique par l’atmosphère, l’électricité, le pollen et la pollution.

Alexandre Ries, Nuées nues

Le programme s’adresse aux étudiants de l’Esä en années 3 – 4 – 5  et aux étudiants du Master Arts de l’Université de Lille

Vue de l’exposition Air Fictions, à Lilliad, 9 mai 2019

Contenus :

PRIST s’attache à développer des conversations entre l’art et la science en construisant des échanges et des rencontres entre les étudiants et les chercheurs, depuis les laboratoires scientifiques. Ce programme de recherche amène les étudiants à participer à des expositions et à présenter leur contribution au sein d’un catalogue auquel contribuent les scientifiques. Il fait suite aux recherches menées depuis 2015 donnant naissance aux expositions et catalogue Master Mind (2016), Cells Fiction (2017), Collisions (2018). La rencontre directe avec les chercheurs, les protocoles et les instruments des laboratoires scientifiques partenaires permet aux étudiants d’interroger autrement les modalités de leur propre création, induisant ainsi une autre manière de réfléchir à ce que peut être une recherche en art lorsqu’elle s’appuie sur le matériau “science”. 

En 2018/2019, nous interrogerons l’atmosphère en mobilisant plusieurs acteurs : des philosophes de l’environnement (E. Coccia), des scientifiques rattachés au Labex CaPPA ainsi que les artistes, Karine Bonneval et Olivier Perriquet qui interviendront sous la forme de workshop ou de conférence.  En janvier 2019, les étudiants participeront au module Art & Science à Polytech’Lille au sein du Fabricarium, module qui engagera les étudiants en art à produire leurs travaux plastiques en dialogue avec des étudiants ingénieurs.

Site internet ESÄ PRIST 2018-2019
Présentation du programme

Calendrier prévisionnel des interventions :

    • Cours réguliers hebdomadaires avec les enseignants de l’Esä (voir emploi du temps)
    • 23 octobre : 1/2 journée d’étude. « Pollens et polluants » Learning  Center, Dunkerque. Avec : Nicolas Visez (maître de conférence au PC2A Physicochimie des processus de Combustion et de l’Atmosphère, Université de Lille) – Marie Choël (maître de conférence au LASIR Laboratoire de Spectrochimie Infrarouge et Raman, Université de Lille) -Olivier Schefer (Professeur des universités en esthétique à Paris 1-Panthéon Sorbonne, membre de l’Institut ACTE)
      Nicolas Visez et Marie Choël traiteront de cette particule spécifique qu’est le pollen dans l’atmosphère alors qu’Olivier Schefer, Professeur d’esthétique à Paris 1 traitera de Novalis , ce romantique allemand qui a réuni ses pensées sous le titres « Grains de pollens ».
    • 8 novembre : Visite du LOA Laboratoire d’Optique Atmosphérique (Université de Lille, Campus scientifique). Présentation des instruments. Présentation en bibliothèque des nouveaux axes de recherche du laboratoire « électricité » (Philippe Dubuisson).
    • 20 novembre, visite du LPCA Laboratoire de PhysicoChimie de l’Atmosphère (Université du Littoral Côte d’Opale, Dunkerque) et de la plateforme IRENE  
      « L’atmosphère, un air d’invisibilité » Hervé Delbarre, LPCA
    •  Mardi 5 février : Hanna Husberg. artiste/chercheuse
      > Conférence performée: « This new air, the one we talk about a lot / Ce nouvel air, celui dont on parle beaucoup »
      > Entretiens individuels avec les étudiants du programme
    • Février : début des productions plastiques et du catalogue
    • Exposition des prototypes  : 28 février au 15 mars 2019 / Vernissage 28 février, Galerie Commune, Esä

Enseignants Esä :

Stephane Cabée – Cyril Crignon – Nathalie Stefanov – Marie Lelouche – Silvain Vanot

En partenariat avec :

Station de mesure AERONET sur le toit du LOA (laboratoire d’optique atmosphérique) à Lille.

Présentation du programme Collisions

2017-2018 : Collisions

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L’équipe du programme de recherche devant une image du détecteur CMS, CERN, novembre 2017

Depuis septembre 2017, le programme s’attache à multiplier les rencontres entre les physiciens des particules et les étudiants en art. Comme nous l’énoncions plus haut, rien ne garantissait que la physique des particules puisse susciter de l’intérêt auprès d’étudiants en art. Sauf à concevoir ce domaine sous l’angle suivant : travailler sur les particules, c’est se tourner vers l’étude des constituants fondamentaux de la matière, c’est se demander de quoi est constitué l’univers primordial. Interroger le monde subatomique, c’est aller au coeur de la recherche, en observant ces gigantesques instruments que sont les accélérateurs de particules ou ces puissants microscopes dont on suppose qu’ils pourraient nous permettre de répondre à notre désir fondamental de connaissance. Car au fond, comment concevoir les éléments premiers qui nous structurent et composent l’univers ? Mieux : pouvons-nous les représenter ? En imaginer des formes artistiques qui entrent en résonance avec l’iconographie scientifique ? Nous autorisons-nous à en proposer des conversions plastiques à l’aide de dessins, d’impressions 3D, d’installations numériques et sonores ? Cet axe de recherche implique de nouveau de se demander : qu’est-ce que voir ?, notamment lorsqu’on considère comme l’énonce Aurélien Barrau que “la lumière à laquelle nous sommes sensibles n’est qu’une fraction absolument dérisoire de l’ensemble des lumières existantes…” D’une certaine manière, notre programme tente de poser la question suivante : comment donner à voir – à sentir, à entendre – des éléments dont on ne saisit que des interactions ?

L’équipe du programme de recherche au CMS, CERN, novembre 2017

Dans ce cadre, nous avons en premier lieu fait appel à l’historienne des sciences Charlotte Bigg, membre du CNRS et du conseil de laboratoire du Centre Alexandre Koyré. Dans sa conférence, Charlotte Bigg traita de la question de l’image de l’atome en démontrant combien les différentes théories de l’atome, au fil de son histoire, pouvaient modifier sa représentation. C’est lorsque les scientifiques s’emploient à visualiser leur recherche, qu’il devient alors possible pour les acteurs du monde de l’art de se saisir du “matériau” science.

Pour poursuivre cette immersion dans le domaine de la physique des particules, le programme a invité pendant une journée entière l’astrophysicien Aurélien Barrau, détenteur d’un doctorat d’esthétique et d’une thèse en astrophysique à haute énergie, à venir discuter avec les étudiants des étapes de leurs recherches. Revenant sur l’histoire du modèle du Big Bang, sur les représentations du fond diffus cosmologique, sur les astroparticules et sur l’histoire du temps, Aurélien Barrau a développé une réflexion sur les modalités de construction de l’imagerie scientifique, parfois si séduisante, notamment lorsqu’elle s’emploie à représenter des objets invisibles, tels un trou noir ou une collision d’étoiles.

Observer les sciences au travail : visite du CERN

En novembre 2017, un séjour de trois jours en Suisse au Paul Scherrer Institut (PSI) et au CERN a conduit les étudiants et enseignants participant au programme de recherche à observer directement le fonctionnement de deux grands accélérateurs de particules, celui du PSI et celui du CERN, le Grand collisionneur de hadrons (LHC). Accompagnés dans leur visite par plusieurs physiciens, les étudiants ont par ailleurs bénéficié de conférences par des chercheurs tels Philipp Schmidt Wellenberg, Hans Peter Beck, Michael Hoch et Chiara Mariotti, spécialistes en physique des particules, acteurs de ces technologies de pointe, contributeurs de la découverte du boson de Higgs. Au CERN, nous avons visité deux détecteurs, Atlas et CMS, ainsi que l’usine ELENA qui fabrique de l’antimatière.

L’équipe du programme de recherche, accompagnée des physiciens du PSI et du CERN, devant l’antimatter factory, CERN, novembre 2017

L’objet de ce parcours fut aussi de prendre conscience des lieux et des instruments de la recherche. Il nous a été possible d’observer de gigantesques salles de contrôle dont les écrans permettaient d’imaginer comment les particules entrent en collision, comment leurs traces émergent et disparaissent à une vitesse prodigieuse, comment ces milliards de collisions sont triées, enregistrées avant qu’elles ne s’évanouissent. La vision de ces collisionneurs encavés sous des blocs de bétons aux formes minimalistes qui protègent des ondes radioactives ; les perspectives tracées par des kilomètres de câbles à l’agencement chaotique qui, pourtant, s’organisent en des ordonnancements savants ; les sombres réserves d’hélium placées en hauteur au sein de dirigeables noirs flottant au plafond ; les dizaines de cuves argentées desquelles s’élèvent, parfois, de légères fumées, tout cela réduisait encore la distance entre l’univers scientifique et artistique.

Des centaines d’images, de vidéos et de captures sonores furent effectuées lors de ce séjour, devenant à leur tour un matériau intégré au processus de création.

Prises de son dans les sous-sols du CERN, novembre 2017

Pour parachever le lien entre culture scientifique et artistique, un module Arts & Sciences s’est tenu du 22 au 25 janvier avec les étudiants de Polytech de l’Université de Lille – Sciences et Technologies, qui engagera les étudiants en art à développer leur production en dialogue avec des étudiants ingénieurs.

Nuit des idées, janvier 2018 : début des expositions

C’est à partir du 25 janvier que s’est tenue l’ouverture de l’exposition Collisions, inaugurée dans le cadre de la Nuit des Idées, à la Galerie Commune de l’Ecole Supérieure du Nord-Pas de Calais, site de Tourcoing, où seront présentées les productions plastiques des vingt étudiants du programme de recherche. Cette exposition s’est déplacée ensuite du 29 mars au 27 avril à l’Espace Croisé, Centre d’art contemporain situé à la Condition publique, à Roubaix. Puis elle a été présentée à Espace Culture de l’Université de Lille – Sciences et Technologies, du 28 mai au 13 septembre. Mentionnons que cette dernière structure culturelle a répondu favorablement à notre demande visant à faire en sorte que notre programme de recherche s’adresse de manière paritaire aux communautés respectives en arts et sciences dites « dures ».

Ainsi ce programme tente d’inventer un enseignement qui permette d’imprégner le champ de l’art et de la recherche par la dynamique scientifique afin d’imaginer des processus de création particuliers. Comment l’art peut-il interroger les mécanismes qui engendrent la lumière et l’espace – temps ? Qu’en est-il des analogies entre le microcosme et le macrocosme ? En quoi l’acte créatif du scientifique peut-il rejoindre celui des artistes ?  Ces questionnements ont pour objet de favoriser la mise en oeuvre de nouvelles pièces où s’articulent des perceptions sonores, olfactives, tactiles et visuelles. Ainsi, les recherches et productions des acteurs de ce parcours démontrent qu’il est possible d’inventer de nouvelles pratiques d’enseignement commun à l’art et aux sciences et de redonner du sens au mot recherche lorsque ce dernier est impliqué dans la création, en inventant des modalités innovantes d’approche du savoir.

Visite de TISBio

Visite de la plateforme de microscopie photonique en novembre 2016 réalisée par Corentin Spriet, ingénieur de recherche Université de Lille / CNRS. Les étudiants de l’Esä effectueront par la suite plusieurs séances pour travailler sur les échantillons et l’acquisition des images qu’ils utiliseront dans leurs travaux plastiques.

Equipe Master Mind

RESPONSABLES DU PROJET

Nathalie Stefanov, Professeur d’enseignement artistique, Esä
Stéphane Cabée, Enseignant Esä

LES ETUDIANTS

Jules Barron, Maxime Bouquillon, Julien Bourgain, Elsa Califano, Louis Carmine, Lorine Cornard, Sophia Daveluy Moussaoui, Lucie Dupont, Charles Gallay, Estelle Le, Mathieu Locquet, Jonathan Paquet, Lina Qi

L’EQUIPE DU PROGRAMME SCIENCES ET CULTURES DU VISUEL

Sophie Raux, Maître de conférences en histoire de l’art, Université de Lille, IRHIS, coordinatrice iCAVS/SCV
Laurent Sparrow et Angèle Brunellière, chercheurs en psychologie cognitive à l’Université Lille 3 et membres de l’Unité Mixte de Recherche (UMR 9193) Sciences Cognitives et Sciences Affectives – SCALab
Cécile Picard-Limpens, Ingénieure de recherche, gestion de projets et valorisation, Université DE Lille  – laboratoire IRHiS.
Yannick Warmain et Florian Cornet, chercheurs associés au SCALab

Equipe Collisions

RESPONSABLES DU PROJET

Nathalie Stefanov, Professeure d’enseignement artistique / École Supérieure d’Art du Nord-Pas de Calais DunkerqueTourcoing / Site de Tourcoing

Laura Mené, Responsable du développement et de la médiation / Espace Croisé, centre d’art contemporain

Stéphane Cabée, Silvain Vanot, Artistes professeurs d’enseignement artistique / École Supérieure d’Art du Nord-Pas de Calais DunkerqueTourcoing / Site de Tourcoing

LES ARTISTES / (enseignants et étudiants)

Stéphane Cabée, Martial Chmiélina, Silvain Vanot, Marie Brissy, Lucie Dupont, Charles Gallay, Sahar Heshmati , Stanislav Kurakin, Shuxian Liang, Daniela Lorini, Lisa Manchau, Soumaya Menouar, Yosra Mojtahedi, Han Qi, Marie Rosier, Alizée Ségard, Meng Xiangyan, Yunyi Zhu

SCIENTIFIQUES ET HISTORIENS DES SCIENCES

Aurélien Barrau, Professeur à l’Université Joseph Fourier, chercheur au laboratoire de physique subatomique et de cosmologie du CNRS, membre de l’Institut Universitaire de France
Hans Peter Beck, Physicien, CERN
Genève Charlotte Bigg, Historienne, chargée de recherche au CNRS et membre du Centre Alexandre Koyré
Michael Hoch, Physicien, CERN, Genève – Fondateur art@CMS
Chiara Mariotti, Physicienne, CERN, Genève
Philipp Schmidt-Wellenburg, Physicien, Institut Paul Scherrer, Villigen
Corentin Spriet, Ingénieur de recherche CNRS, Responsable de la plateforme de microscopie photonique TISBio

EQUIPE POLYTECH’LILLE

Christophe Chaillou et Rodolphe Astori, enseignants à Polytech’Lille, Université de Lille  pour le Module Art & Science Baptiste Le Roi

Ingénieur matériaux et biomatériaux, cofondateur du Fabricarium de Polytech’Lille, Université de Lille

Et les étudiants de Polytech’Lille

Maher Bencherif, Saad Boudhrissi, Jean Coignot, Vincent Demarquet, Bruno Escobar, Nadine Halabi, Remy Henichard, Axel Hiverlet, Anis Jomni, Pierre Lafdal, Eva Moukahal, Camille Pageau, Khalil Rachidi

Equipe Cells Fiction

RESPONSABLES DU PROJET

Nathalie Stefanov, Professeure d’enseignement artistique / Esä

Laura Mené, Responsable du développement et de la médiation / Espace Croisé, Centre d’art Contemporain

Corentin Spriet, Ingénieur CNRS, Responsable de la plateforme de microscopie TISBio / Université de Lille

Silvain Vanot et Stéphane Cabée, Enseignants Esä

Esä Adèle Vanot, Responsable de la photothèque du CNRS

LES ÉTUDIANTS DE L’ESÄ EN MASTER

Zoé Brunet-Jailly, Benjamin Caron, Delphine Corvisier, Lucie Dupont, Charles Gallay, Heng Liang, Mathieu Locquet, Jonathan Paquet, Lina Qi, Thibault Schiell et Alizée Ségard

L’EQUIPE DE ESPACE CULTURE

Dominique Hache, Responsable Espace Culture, Université de Lille

Mourad Sebbat, Chargé des Initiatives Culturelles, Université de Lille

Expositions Cells Fiction

Suite aux rencontres avec la plateforme de microscopie TISBio et la photothèque du CNRS, Cells Fiction a mis en oeuvre deux expositions

Cells Fiction#1 , du 23 mars au 7 avril 2017 
Galerie Commune -École Supérieure du Nord-Pas de Calais
36 bis rue des Ursulines 59200 Tourcoing
www.galeriecommune.com

Cells Fiction #1, Galerie Commune, 2017

Pour aller plus loin sur le travail de Lucie Dupont ou sur d’autres oeuvres conçues pour cette exposition, télécharger le catalogue ici

Cells Fiction#2, du 16 mai au 2 juin 2017  
Espace Culture
Université de Lille Cité Scientifique, Villeneuve d’Ascq
https://culture.univ-lille1.fr

 

 

Artistes Collisions

Lucie Dupont,
Particles network, Programme sous processing vidéoprojeté, dimensions variables, 2018

Je travaille sur les possibilités d’actions qu’offrent les outils de l’ère numérique.
J’explore, avec le programme Particles network, les liens entre les outils numériques et les particules, constitutives de la matière.
Au fil de mes recherches, après avoir visité le CERN et échangé avec des physiciens, j’ai découvert l’existence des chambres à brouillard. Ces chambres, considérées comme les premiers détecteurs de particules, permettent d’observer les traces blanches de particules, dont la taille et l’épaisseur varient.
Les images produites par ces chambres m’ont rappelé certaines visualisations de données, ce qui constitue une première corrélation entre les deux thématiques de la pièce : les particules et le numérique. J’ai repris l’apparence laissée par les traces des particules dans la chambre pour élaborer un programme. L’image vidéo produite se divise en deux parties reliées entre elles. Sur la partie gauche, on observe un ensemble d’informations concernant des scientifiques dont les découvertes ont pu amener à l’élaboration des outils technologiques. Sur l’ensemble de l’image vidéo, on perçoit des traces blanches qui correspondent au lieu de naissance et de mort de ces scientifiques, tels Becquerel ou Tim Berners-Lee par exemple.

 

Meng Xiangyan,
Recherche, Installation vidéo, dimensions variables, 2018

Recherche est une réflexion portant sur la nature de la lumière.
En m’intéressant à la physique des particules, j’ai appris que la lumière était composée de photons qui ont une nature à la fois corpusculaire et ondulatoire. On parle de dualité quantique. Or, en physique, il existe un phénomène étrange, celui de l’influence de l’observateur sur l’objet observé. En effet, en physique quantique, l’observateur perturbe la mesure de l’objet, qui se présentera alors soit sous un état ondulatoire, soit sous un état corpusculaire. Je me suis alors interrogée sur la façon de convertir ces phénomènes contre-intuitifs par le biais d’une installation qui donne à voir une projection reliée à un capteur et à une lumière qui dessine un halo en présence d’un spectateur.
Lorsque le spectateur se rapproche de la projection, il déclenche un halo de lumière, qui lui confère une certaine importance.
Ce halo perturbe à son tour l’installation en modifiant la projection qui selon son état fait apparaître des ondes ou des particules.

 

Yunyi Zhu,
Le proton, Vidéoprojection, 2’10’’, dimensions variables, 2017

Pour cette vidéo, j’ai travaillé à partir des données visibles sur les écrans des salles de contrôle du CERN. Ces données portent sur les mesures des protons et de l’antimatière. J’ai converti ces données en utilisant le programme informatique Processing.
Les images qui en résultent donnent à voir des particules qui se heurtent sans cesse. La visite du CERN et les échanges avec des scientifiques en novembre m‘ont aidé à mettre à jour mes idées créatives. Ces nouvelles connaissances et les perspectives qu’elles ouvrent m’engagent à poursuivre la recherche dans les formes que peuvent prendre les relations entre les sciences et les arts.

 

Marie Brissy,
Opposite, Vidéoprojection sur verre, 25 x 50 x 26 cm, 2018

Réalisée en collaboration avec Corentin Spriet, responsable de la plateforme TISBio de l’Université de Lille- Sciences et Technologies, Opposite est une installation présentant des images obtenues par l’observation d’une vésicule. On remarque que ces vues sont proches de celles obtenues par le télescope Hubble. Ainsi un lien se tisse entre le microscopique et le macroscopique.
Les images sont projetées sur cinq plaques de verre, rappelant les lamelles d’observation utilisées pour les microscopes. Selon sa position face à l’installation, le spectateur peut découvrir, à chaque instant, une vue différente. L’apparence de cette installation offre un possible rapprochement avec la Voie lactée.

 

Stanislav Kurakin,
Observatorium, 4 télescopes, 120 x 60 x 60 cm, 2018

Quel est ce petit observateur placé de l’autre côté du verre, dont l’oeil paraît aussi énorme que l’Univers entier ? Cet observateur curieux mit fin à la cosmologie religieuse en osant regarder dans un trou de serrure pour voir ce qu’il y avait et en ne voyant rien. Le télescope devint vite un des symboles de la révolution scientifique et fut responsable d’un changement paradigmatique considérable dans la société depuis le XVIe siècle. Le jour où l’homme devint observateur de l’Univers, il réussit à amener sa connaissance et sa conscience Le projet a été élaboré en collaboration avec : Marc Bonnaure, ingénieur et membre de l’association CARL à l’Observatoire de Lille, Corentin Spriet, chercheur à l’université de Lille – Sciences et technologies, Jean Coignot et Axel Hiverlet, étudiants en dernière année, Polytech’Lille, Université de Lille – Sciences et technologies. à un niveau supérieur. Mais saura-t-il un jour échapper à luimême dans sa quête du réel ?
L’installation comprend quatre télescopes à fonctions détournées qui interrogent notre rapport à la réalité. Le premier télescope présente une réflexion sur la possibilité de l’observation du noir absolu dans l’environnement qui est le nôtre, ce qui évidemment s’avère impossible car l’absence de lumière signifie l’impossibilité de l’observation. Le deuxième interroge la nature des données qui nous permettent de découvrir l’espace, d’où une interprétation sonore des corps célestes donnée à écouter dans un appareil à usage visuel. Le troisième télescope interroge la relation entre l’infiniment grand et l’infiniment petit : il recèle en lui un microscope et un échantillon de tissu vivant qui, agrandi plus de 1200 fois, ressemble à la représentation d’une nébuleuse. Enfin, le dernier télescope efface le traditionnel « objet de recherche » en le remplaçant par… le sujet lui-même : un jeu de lentilles et d’éclairage permet au spectateur de voir l’infini à l’intérieur de son propre oeil.

 

Shuxian Liang,
Nuages, Vidéoprojection, 10’, dimensions variables, 2018

Ce travail vidéo s’inspire librement de nébuleuses qui, en astronomie, désignent des objets composés de gaz et de poussières interstellaires.
Ces objets célestes jouent un rôle clé dans la formation des étoiles.
En chinois, une nébuleuse se nomme « nuage d’étoile ». Je suis partie de cette désignation pour concevoir une vidéo présentant, sous le logiciel Adobe After Effects, plusieurs de mes dessins constitués de lignes dont les courbes se déploient dans l’espace. Ces dessins s’animent ainsi devant le spectateur, l’engageant à imaginer une immersion à l’intérieur de l’espace même des courbes en perpétuel mouvement.

 

Soumaya Menouar,
Magma chimique, Vidéoprojection, 4’, dimensions variables, 4 disques, 2018

Les questions autour de “l’illusion” constituent la base de mes recherches tant théoriques que plastiques. Mon travail associe le documentaire et la fiction : je cherche en partant de données scientifiques ou technologiques à provoquer un décalage, un jeu d’illusion. C’est ainsi que j’ai fondé le laboratoire Arcefict (1) qui a notamment pour quête utopique de construire un algorithme de l’illusion. Pour l’exposition Collisions, le laboratoire s’intéresse à la “Soupe primordiale”: il s’agit d’un “magma de particules prébiotiques” (2) qui serait à l’origine de la vie sur Terre. A partir de cette expérience, le laboratoire recherche des mélanges, associe des produits, inverse l’espace-temps… Il use notamment de carbone, de vitamine C, d’huile, de minéraux et de glycérine. Dans ce Magma chimique, nous cherchons à créer des illusions : l’apparition et la mutation d’éléments tels que des particules, des galaxies, des cellules, des cyclones, des planètes ou des trous noirs. Il s’agit là de produire, avec la chimie, des correspondances entre la biologie, la physique et l’astrophysique. Aussi, la forme circulaire n’est pas sans faire allusion au Rotoreliefs (3) de Duchamp, pour renforcer ce jeu d’illusions. Magma chimique cherche à ouvrir le regard, à le transporter vers cet ailleurs, cet univers où les arts et les sciences s’associent.

1. Artistes Chercheurs en Expériences Fictionnelles
2. Selon l’expérience de Miller, 1953
3. Rotoreliefs, Impressions sur Vinyle, Marcel Duchamp, 1935

 

Marie Rosier,
Au delà de l’iris, Série de photographies numériques, dimensions variables, 2018

Que se passe-t-il lorsque nous approchons le monde différemment ? Que produit le fait de ne plus regarder les choses simplement à l’oeil nu, mais à l’aide d’outils ? Comment aller au plus près, tout en gardant une approche contrainte par les instruments ? C’est de cela dont traite la série de photos Au delà de l’iris.
J’ai voulu m’approcher de l’oeil humain et plus particulièrement, dans le cadre de Collisions, des yeux des physiciens qui détectent les particules, invisibles à l’oeil nu. J’ai mis en place un dispositif qui permet de prendre en photo l’iris des scientifiques que j’ai rencontrés tout au long de la préparation de l’exposition. A travers l’objectif, grâce à la macro-photographie, s’est ouvert un nouveau monde, de nouveaux paysages qui s’apparentent à des tableaux, à des paysages qui m’étaient jusque là inconnus. Cette nouvelle perception, cette nouvelle manière de voir, n’est pas sans rappeler le processus d’observation des scientifiques, qui travaillent à l’aide de microscopes ou de détecteurs.
Me familiarisant progressivement avec ces nouvelles images, parcourant de près les yeux des scientifiques, j’ai été surprise de découvrir tantôt des formes, tantôt des couleurs présentes dans les représentations que nous connaissons de l’Univers : des constellations, des nébuleuses… La pupille, par exemple, fait écho à un énorme ”trou noir” alors que les yeux marron, vus de près, semblent parsemés de cratères martiens. Je travaille ainsi sur l’intérieur même de l’image des yeux, laissant mon propre regard dériver dans ces paysages, que j’agrandis ou rétrécis. J’ai joué avec les formes, les couleurs et les textures, jusqu’à trouver la bonne image.

 

Daniela Lorini,
Polyphonie, Installation sonore et plastique, 5’15’’, 80 anneaux de placage en bois, 400 x 100 x 80 cm, 2018

Mon travail cherche avant tout à susciter une prise de conscience à l’égard de certains problèmes de notre société, tels que les questions liées à l’environnement et à la préservation des ressources naturelles. Ma démarche consiste en des installations plastiques et sonores qui utilisent des matériaux naturels pour leur faible impact sur l’environnement. Je me sers aussi de la technologie par le biais du son. Pour l’exposition Collisions, je me suis intéressée à la cosmogonie des Guarani, une population amérindienne des régions subtropicales.
J’ai travaillé à partir de leur approche des mots et des sons relatifs aux sphères documentés dans le livre Yapisaka-Ver con los oídos de Garcia Ortiz Elio. Pour développer la partie sonore de ma pièce, je me suis appuyée sur les recherches de Sylvie Vauclair, La chanson du Soleil et La symphonie des étoiles, et sur celui de Dominique Proust, L’harmonie des sphères, ainsi que sur les propos de l’astrophysicien Aurélien Barrau portant sur l’origine de l’Univers. Ces recherches m’ont amenée à travailler à partir de la planète naine Pluton pour développer une réflexion sur la perception du monde et sur notre relation avec celui-ci. Cette réflexion prend aujourd’hui la forme d’une installation intitulée Polyphonie.
Polyphonie évoque le langage Guarani qui rentre en interférence avec les sons supposés d’objets célestes. Constituée d’anneaux de bois suspendus, l’installation, qui mesure 300 x 100 cm, est la représentation visuelle de l’empreinte sonore d’un texte enregistré en langue guarani. Le spectateur entend une lecture du texte qui s’assemble aux sons que m’évoque la planète Pluton.

 

Yosra Mojtahedi,
Tombée du ciel, Résine, projection vidéo, 100 x 80 x 70 cm, 2018

« Nous sommes des poussières d’étoiles »
Hubert Reeves.
Un rocher, posé sur la lumière, semble flotter dans l’air, sombre et mystérieux, extraterrestre. Face à nous, tombé du ciel, un objet venu de l’espace : une météorite.
Les météorites nous parlent de la création du système solaire et de ses planètes, dont la nôtre. Elles nous parlent aussi de nos origines : on y trouve les molécules organiques nécessaires à l’apparition de la vie.
D’ailleurs, elles ont longtemps été la seule source de fer des êtres humains, matériau rare et précieux. Mes travaux ont toujours été inconsciemment inspirés, entre autres, par les différents éléments de la nature, comme les pierres, cailloux et rochers qui flottent dans l’eau. Mon installation présente une sculpture qui prend la forme d’un rocher inspiré par les météorites : elle est faite en résine et recouverte d’une couche de poussière de fer, matériau formé dans les corps célestes.
Le spectateur sera invité à toucher la météorite. S’il regarde de plus près, il y verra un point lumineux : une lentille, comme celle des microscopes, permet d’en observer l’intérieur. Dans cet objet massif et inerte, apparaît alors une forme, un mouvement, une ondulation poétique : un être vivant en train de naître, projeté sur un écran. Venue de l’infiniment grand et de notre passé, cette météorite contient, comme un écrin, une étincelle infiniment petite de la vie à venir.

 

Han Qi,
2089 : L’origine des espèces, Animation 3D, dimensions variables, 2018

Je m’intéresse aux énigmes que partagent les domaines artistiques et scientifiques.
Pour l’exposition Collisions, j’ai imaginé un monde fictionnel.
2089 : L’origine des espèces est une vidéo en plusieurs chapitres présentant un univers proche de celui de la science-fiction.
L’ensemble de ce projet est issu d’une peinture que j’avais préalablement réalisée. J’ai voulu par la suite concevoir, numériquement, une troisième dimension à ce paysage peint. Pour cela, j’ai assemblé plusieurs éléments : des extraits du film 2001 L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick et des photographies de planètes agencés avec mes propres travaux représentant un paysage qui pourrait être celui de la planète Mars. Sur ce paysage numérique, j’ai dessiné une imposante architecture qui indique la possibilité d’une présence humaine.

 

Alizée Ségard,
Nez dans le Cosmos, Aluminium et parfum, 50 cm de diamètre, 2018

Mon intérêt se porte généralement sur le rapport que l’on entretient avec la disparition et ce qu’elle engendre. Ceci passe par un travail sur l’empreinte et la trace, mais aussi par le biais des odeurs, qui ont la capacité d’atteindre directement l’affect, sans avoir de réelle matérialité.
Nez dans le Cosmos est une pièce à la fois visuelle et odorante.
Une première approche de l’oeuvre se fait par le regard. On découvre une demi-sphère métallique creuse et ouverte vers le spectateur. L’intérieur blanc annule l’effet de perspective et de profondeur. Tandis que l’on s’approche, une nouvelle dimension se dévoile : l’odeur. Il s’agit d’un parfum reconstitué à partir de témoignages et de discussions avec quelques chercheurs du Paul Scherrer Institut et du CERN sur l’odeur dans l’espace, et plus précisément celle des objets célestes.
Ici, le parfum se veut à la fois agréable au premier abord, avec des notes légères, volatiles, suggérant l’air des grands espaces, puis plus piquantes, renvoyant au soufre et à l’ammoniac.

 

Stéphane Cabée,
En temps d’espace, Projection vidéo et impression 3D, 60 x 34 x 9 cm, 2018

Immergé dans l’univers des collisions subatomiques, perdu dans les échelles de Planck et la gravitation quantique, mon esprit divaguait dans ces zones où l’entendement est approximatif, où la science n’interprète plus mais imagine les possibles. Alors que nous confrontions, avec Philipp Schmidt- Wellenburg, physicien du Paul Scherrer Institut (PSI), les principes spatio-temporels gravitationnels à mon expérience commune du monde newtonien, l’idée d’expérimenter l’être particule, de ressentir ces concepts extrêmes de la réalité, m’a frappé. Comme l’avait proposé le jeune Einstein, je voulais apercevoir le monde juché sur le dos d’une particule. Cette image acquerrait peut-être une nouvelle dimension entre matière, lumière et énergie.
Inspiré des méthodes scientifiques de Philipp qui font écho aux procédés d’expérimentation de l’image numérique que j’entretiens dans ma pratique et qui consiste souvent à concevoir de petits programmes de génération semi-autonomes qui traitent en image différents types d’informations, j’ai élaboré une sorte de protocole de création pour répondre à ma proposition.
Le processus commence par confronter le référentiel physique humain à celui de la particule. Ma suggestion de faire rentrer Phillip dans un accélérateur ayant été rapidement écartée, je l’ai équipé d’une caméra positionnée au niveau du regard et lui ai demandé de suivre, par voie humaine, le trajet des particules projetées dans le synchrotron de source lumineuse du PSI. Phillip a ainsi enregistré une vidéo de 3’26, temps nécessaire pour parcourir à pied les 288 mètres du synchrotron. Cette collecte d’informations alimente ensuite un programme conçu pour ramener le temps de la vidéo au temps de trajet d’une particule, soit environ 1 μs. Ce programme simule l’écrasement lumineux des plans successifs d’espace enregistrés par la caméra. L’algorithme traite les données de teinte, de contraste et de luminosité des images et les compacte à ceux de la suivante pour finalement générer une nouvelle image condensée. Ce processus de traitement engendre la perte d’une grande quantité d’informations et comme un écho aux collisions de particules, cet écrasement devait dégager quelque chose. Puisque le temps et l’espace sont intrinsèquement liés, et comme l’opération venait de comprimer du temps, l’expérience pouvait libérer de l’espace et donner un volume à la lumière. Un algorithme matérialise cet échange en transposant les données de teinte des pixels sur l’axe d’épaisseur de l’image. Le procédé donne ainsi à chaque pixel une position sur l’axe de projection de la lumière, modélisant les fréquences de son onde.
D’autres expériences suivront sur le même protocole notamment au CERN, en suivant le trajet extérieur de 7 km du SPS (Supersynchrotron à Protons) et celui de 27km du LHC (Grand Collisionneur de Hadrons).

 

Charles Gallay,
Under the skin, Vidéo-mapping, son et capteurs, dimensions variables, 2018

« Le temps n’est pas ce que tu crois ! », disent-ils au vidéaste. Celui-ci se retourne, interdit, face au philosophe et au scientifique. Les regards sur le temps portés par Newton, Einstein et la physique quantique montrent que sa nature nous échappe. Ces conceptions, dans leur diversité, affectent les nouveaux médiums pétris de temps et bouleversent le processus de création de ceux qui en font usage. Dans cet effort de faire sentir une autre nature du temps, Under the skin contraint la vidéo et le son dans l’espace, jouant avec la lumière et la présence. L’installation substitue alors à la valeur temporelle d’autres variables physiques, désignant le spectateur comme l’ordonnateur des événements. Derrière cette troublante question du temps s’en cache deux autres : comment construire un travail contre l’intuition et, parfois, au-delà de l’entendement ? Comment le fait de comprendre le monde transformet- il le monde lui-même ?
Ce travail s’inscrit dans une esthétique de la frontière, en tant qu’outil de compréhension du monde. Celle-ci permet à la fois la classification – indispensable à la conceptualisation – et la porosité. Cet espace d’intersection entre deux notions se traduit alors par des dialogues et des ambiguïtés. Avec le médium vidéo, mon travail explore et applique ce système à d’autres idées – fiction/documentaire, objectivité/subjectivité, inné/acquis – et s’emploie à créer des situations d’équilibre. Il s’agit alors d’alvéoles d’expérimentations (ou peutêtre de laboratoires), terrains d’un jeu de cache-cache ou de confrontation.

 

Lisa Manchau,
Perturbations, Pendule double, béton fibré, capteur, programmation numérique, 32 x 32 x 182 cm, 2018

Le paradigme du chaos tel qu’énoncé par Hadamard, Poincaré puis Lorenz, a depuis le siècle dernier suscité une étrange fascination auprès de nombreux intellectuels, poètes et artistes.
Réalisée en collaboration avec Christian Thellier, Perturbations, à travers son mouvement hypnotique retranscrit par la forme visuelle et sonore le résultat d’une trajectoire erratique, fruit du balancement simultané de ses deux pendules.
L’installation est fixée sur un socle de béton, rappelant les gigantesques blocs protégeant de la radioactivité les hangars du CERN ainsi que ceux du Paul Scherrer Institut.
Figée à son instant initial, Perturbations invite le spectateur à actionner le pendule, puis à procéder à l’observation de son mouvement. Comme le ferait un chercheur, le spectateur est amené à réitérer l’expérience, s’appuyant en cela sur les protocoles de recherche du domaine scientifique, multipliant les phases d’observation pour valider l’expérimentation.
Forcé de constater, à chaque lancer, des différences majeures dans la position des bras du pendule, il sera amené, progressivement, à s’aventurer dans la contemplation et l’écoute d’un harmonieux chaos.
Ainsi, derrière cet apparent désordre, la théorie du chaos laisse à penser qu’un ordre strict pourrait se dévoiler.

 

Martial Chmiélina,
Particule, Bande son, installation, dimensions variables, 2018

Autour de la table.
(se levant) Mélenchon ?
— Non non non, il faut deux syllabes, comme pour les chiens, pour la mémoire…
— Macron, Marion…?
(soupirant) Pffffff… Branle-bas-le combat à l’agence, la cellule com’ a décroché le contrat pour nommer l’ultime particule élémentaire découverte par l’esthète chercheuse Natalov du labo PRIST.
— Si nous avons été contactés, c’est pour démocratiser la physique quantique pour le vulgum pecus, éviter les noms spécieux, latin et tout le tintouin… (dans le style de Tolkien) C’est notre mission que de nommer cette particule pour les trouver toutes, cette particule pour les amener toutes, et dans l’antimatière les lier pour toutes…
— Sauron ?
— Mais non !
— Allons, réfléchissons ! (tapant du poing) Deux syllabes pour un nom… Au charbon !
— Euh…Neutron ?
— Proton…(éructant) gluon !
— NON, ne recyclons pas !
— …(penaud)…Pardon… La séance de brainstorming en était à son introduction…

 

Sahar Heshmati,
Raconter l’histoire, Puzzle de cubes en bois, 25 x 25 x 5 cm, 2018

L’Univers a-t-il des limites? Un trou noir aspire-t-il vraiment tout ce qui y pénètre? Les mondes parallèles existent-ils ? Je montre divers graphismes et images illustrant plusieurs théories de l’Univers, du géocentrisme à nos jours, illustrations que j’agence sur un puzzle composé de cubes. En participant à la conférence d’Aurélien Barrau à l’ESÄ, je me suis familiarisée avec les dernières théories du cosmos.
En jouant avec le puzzle, le spectateur construit une évolution spatio-temporelle de l’Univers selon différents paradigmes et retrace ainsi une histoire des représentations du monde. J’ai configuré le puzzle de manière à ce que l’on ne puisse pas le terminer, afin de montrer que notre connaissance sur l’Univers est toujours en devenir. En effet, selon Karl Popper, philosophe des sciences, notre connaissance sur le monde, pour être scientifique, se doit toujours d’être réfutable. C’est-à-dire que chaque théorie scientifique peut être invalidée à tout moment par de nouvelles découvertes. Dans ma proposition plastique, j’interroge l’image que nous construisons du monde et particulièrement la part de vérité et d’incertitude de nos théories. Le puzzle confronte des connaissances réfutées de l’Univers par nos dernières découvertes afin d’interroger nos convictions dans une collision de possibilités.

 

Silvain Vanot,
Boosting the Protons, Single vinyle + visuels pochette en 6 exemplaires de 20 x 20 cm Lecteur CD avec casque, 2018

Le vide règne dans les tubes des accélérateurs de particules, et avec lui le silence. Quoi de plus stimulant pour un designer sonore que ce silence absolu ?…
La sonification est une technique nouvelle qui permet de transformer des données non sonores en son et en musique. Je m’en suis inspiré pour donner des transcriptions musicales d’expériences pratiquées dans ces environnements muets.
Lors de notre voyage en Suisse, j’ai observé longtemps le Booster du CERN : un anneau quadruple qui permet aux particules de prendre de la vitesse avant de partir vers les différents accélérateurs. Ses écrans de contrôle m’ont inspiré deux sonifications. Un des moniteurs montre la répartition des faisceaux vers les accélérateurs, il évoque graphiquement des tablatures de flute à bec ; j’ai donc composé une pièce pour un quatuor de flutes grâce à ces diagrammes. Un autre écran permet de visualiser l’intensité de deux faisceaux couplés. Grâce à un logiciel de musique assistée par ordinateur, ces courbes sont devenues des mélodies jouées sur des pianos Steinway et August Förster – soit la version contemporaine et luxueuse du piano mécanique d’antan.
Enfin, au restaurant du CERN, j’ai écouté les scientifiques et les étudiants échanger dans une grande diversité de langues. À la fin de la pièce pour deux pianos, surgit cette Babel contemporaine jouée en percussion sur les quatre flutes. Le rythme imite ceux de textes lus, dans quatre langues différentes, par des chercheurs qui ont participé à la découverte du boson de Higgs.