MARIE CUNIN

Décors Nus, Huile sur toile, réalité augmentée, 180 x 150 cm, 2022

Que restera-t-il après l’effondrement de l’espèce humaine ? Quelles couleurs, quelles formes ? Étaient-elles fières, fragiles ou ailleurs ? Que restera-t-il de ces corps, de ces chairs, de ces ruines ? Étaient-ils fiers, fragiles ou ailleurs ?

Dans ce qu’il reste d’une scène de théâtre, des corps prennent place, se forment, se déforment et luttent pour exister. Décors Nus est une huile sur toile en réalité augmentée, où se dissimulent aux yeux indiscrets les icônes absentes. Car il faut regarder à travers une certaine fenêtre, un écran de fumée, pour voir apparaître des bribes de peaux mélangées aux pigments, des gouttes de sueur soustraites aux huiles.

Ne faut-il pas repenser, à l’aune des nouveaux calques de la réalité, la formule de Michel-Ange qui veut “Libérer la forme humaine emprisonnée à l’intérieur du bloc” ? Le vivant se sculpte dans le marbre, les lignes d’horizons et les points de fuite s’alignent. Tout a changé.

Il s’agit de compositions invisibles, de décors nus, de Vénus pudiques contemporaines, de Caravage arrangés en fragments numériques. Peut-on envisager la possibilité d’une beauté dans cet oubli ? 

LUO CHUHUI

La marée submergea les terres, Sculptures en résine, photographies, dimensions variables, 2022

L’histoire de cette œuvre trouve son origine dans la disparition de plusieurs villes situées en Chine. Ces villes, ensevelies sous l’eau, sont désormais recouvertes par un barrage hydraulique. Pour réaliser ces grands travaux, il a fallu délocaliser les populations qui ont vu leurs villes et leurs villages devenir des lacs. 

Le spectateur observe plusieurs formes transparentes sur lesquelles se trouvent imprimées des photographies des villes disparues. D’autres formes montrent des photographies de ces territoires vus du ciel et prises par satellite. Pour récolter ces archives photographiques, souvent difficiles à trouver, de longues recherches ont dû être effectuées. 

Par cette installation, ces images sont réassemblées et solidifiées dans de la résine transparente, pour former un espace urbain hypothétique. Leurs ombres tridimensionnelles apportent une perspective visuelle renouvelée.

L’installation La marée submergea les terres renvoie aux relations que l’humain entretient avec son environnement. Elle interroge la façon dont de grands travaux façonnent les paysages, en entraînant le déplacement de populations. Les humains construisent des villes mais ils finissent par les faire disparaître artificiellement.

Cette installation a été réalisée en collaboration avec Altinok Kadriye dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences,  Polytech’Lille-Esä.

CAMILLE BERNARD

//sal***//, Installation vidéo, céramique et réalité augmentée en 3 étapes #1#2#3, 2021-2022

Comme une malédiction qui s’abattrait sur les femmes au fil des générations, le conditionnement du corps de la femme se répète inlassablement.

Comme un mythe qui traverse le temps, une histoire ancienne que l’on pourrait raconter aux jeunes filles pour les mettre en garde. Tout commencerait avec cette femme qui aurait pu se courber devant un homme mais qui a choisi de faire tout autrement. Pour cela, elle sera maudite : son corps séparé en deux, prendra pour apparence deux formes bien distinctes, l’une l’incarnation de la pudeur, l’autre l’incarnation de la volupté.

//sal***//, certainement des millénaires après, rejoue une nouvelle fois ce mythe infernal. D’évolution en évolution, la fable a fluctué pour devenir un programme coincé dans la matrice. Notre protagoniste, juste après la malédiction, retrouve ses deux corps séparés sur deux interfaces. Son âme sur une troisième les relie. L’âme amnésique va alors amorcer une discussion afin de comprendre ce que sont ses nouveaux corps. S’ensuivra alors toute une discussion autour de leur corps et de leur spécificité. Cette discussion est une première étape du projet //sal***// où le corps est au centre des interrogations. La malédiction ici n’est qu’un prétexte pour parler des stéréotypes et de l’influence du regard des autres sur le corps. Cette discussion toutefois est la première étape vers l’affranchissement de cette malédiction. Notre protagoniste tente de réinvestir ses corps en les acceptant, en essayant de renverser le regard qu’elle porte sur ses corps, regard modifié par la malédiction.

AMANDINE AUGUSTAK

Position perdue, Installation vidéo, dimensions variables, 2022

Mon travail s’ancre dans la volonté de proposer au spectateur l’expérience de l’espace-temps où différents êtres vivants se confrontent. Il s’agit de paysages qui proposent aux sens du spectateur des espaces transitoires où la mémoire, la temporalité et la durabilité des éléments sont questionnées. Ce travail explore les micro-mondes pour mieux penser les problématiques globales du monde.

Position perdue est une installation interrogeant la métamorphose du vivant. Elle se constitue d’un aquarium qui vient accueillir une gelée d’organismes vivants microscopiques représentant la naissance et le cycle de la vie. Cette gelée vient se développer dans l’espace, contrainte par un deuxième élément qui lui aussi est indissociable à la vie : l’eau. Cette eau a été récupérée au bord de la mer, là où se situent de nombreuses usines travaillant le minéral afin d’en produire des sources d’énergie. Or ces usines rejettent de nombreux polluants. Il s’agit d’éléments et espaces contradictoires : la vie et sa destruction.

Dans ce processus de morphogenèse, une projection d’éléments naturels en transition vient prendre forme à travers la dualité des deux éléments. De nouvelles formes, de nouveaux paysages viennent se recréer, laissant place au phénomène de la matière, à sa substance.

Installation réalisée en collaboration avec Corentin Gielen, dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences,  Polytech’Lille-Esä.

Rapports de synthèse

Vous trouverez ci-dessous les rapports de synthèse élaborés par les étudiants de l’Esä et de Polytech’Lille.

Le vendredi 21 janvier, ils ont effectué une soutenance devant un jury composé de Nathalie Stefanov, Stéphane Cabée (Esä), Christophe Chaillou, Rodolphe Astori (Polytech’Lille).

Workshop de Pauline Delwaulle

Extrait de Plus ou moins l’estran, Pauline Delwaulle & Sébastien Cabour (2021)

Après avoir présenté son travail et ses récents projets en lien avec la cartographie et les gps, Pauline Delwaulle a présenté brièvement les oeuvres cartographiques de quelques artistes.

Puis, les étudiants de Polytech’Lille et de l’Esä ont été invités à travailler autour de la trace gps, du pistage et de la création de carte.

En s’inspirant des  traces gps d’animaux, des narrations et des graphismes qu’elles proposent, Pauline Delwaulle a invité les étudiants à inventer des récits en faisant se rencontrer des traces, en rejouant des parcours. L’idée était d’utiliser les gps comme des outils de dessin, mais également comme des vecteurs narratifs.

Munis d’une application de tracking gps ( GPS Logger – BasicAirData pour Android et My Tracks pour Apple), les étudiants ont conçu un parcours à partir d’une fiction et ont récupéré leurs traces gps. Ces traces deviennent des chorégraphies en s’appuyant sur une fiction : par exemple, un facteur faisant sa livraison, un chat alternant paresse et chasse, une meute de loup se déplaçant, un chien pendant sa promenade quotidienne s’arrêtant à chaque arbre ou coin de rue ou mobilier urbain marquant, un pigeon, une parade amoureuse, une rencontre historique, etc .

Ces trajets doivent former une petite narration qui peut prendre forme sur un fond de carte réelle ou fictionnelle. Ce workshop fut donc l’occasion de faire réfléchir les étudiants à imaginer un travail de dessin dans l’espace extérieur mais aussi sur papier ou numérique.

Les différents dessins de traces ont été présentés à la fin de la séance par chaque binôme montrant ainsi les imaginaires cartographiques des alentours de l’Esä.

SCALAB, Sciences Cognitives et Affectives de l’Université de Lille

14/10/2022

Les étudiants inscrits au programme Prist ont procédé à une première visite de laboratoire, celui du SCALab, Laboratoire de Sciences Cognitives et Affectives de l’Université de Lille

Ce laboratoire développe « un programme de recherche sur la cognition, les émotions et les croyances ». Une partie de ses équipements est située sur le site de la Plaine Images à Tourcoing, au sein du bâtiment Imaginarium. L’équipe Prist a été accueillie par le chercheur Laurent Sparrow et la doctorante Raphaëlle Radenne.

En complément, nous avons visité le superbe TORE (The Open Reality Expérience), un espace de réalité virtuelle !

Présentation du programme 2021-2022

DÉ-RÉALITÉ – DES RÉALITÉS

Nourri par un ensemble de conférences, de visites de laboratoire et de workshops, PRIST propose de mettre à l’épreuve de l’expérimentation individuelle et collective les principales notions qui se trouvent mises en jeu dans l’exploration critique de la réalité plurielle où nous vivons.


Nous convoquerons diverses réalités qui s’imbriquent dans le réel factuel. Elles peuvent être qualifiées de « fictionnelles », de « virtuelles » ou de « projetées » mais encore définies comme relevant de l’imaginaire ; elles peuvent dépendre de technologies très récentes (AR, VR, RM, XR), comme de techniques culturellement et historiquement
situées. Quelles transformations ces réalités plurielles opèrent-elles sur notre imaginaire ?

Pour suivre le calendrier des activités de recherche, c’est ici

Pour les réalisations plastiques des étudiant.e.s artistes, c’est ici

Pour l’exposition, c’est ici

Le catalogue à paraître en septembre 2022

@ TORE / Imaginarium /Plaine Images / Tourcoing, https://www.youtube.com/watch?v=hwnBgif1gHo&t=101s 

L’EXPOSITION

Kairui Yao

L’éternité et une seconde 
 
Performance, Vidéo, Poème sur papier (noir sur noir), 10 min, 2021
 
 
L’installation se compose d’une projection et d’une pile de feuilles A4 de couleur noire sur lequel est écrit une phrase. Sur la projection, le spectateur observe deux visages, l’un avec les yeux ouverts, l’autre avec les yeux fermés. Ce dernier évoque ici le symbole de l’immoralité. Il s’agit d’une conservation silencieuse à laquelle s’ajoute une voix off qui traite de la question des technologies de numérisation du cerveau à l’échelle manométrique, qui permettra à terme : “le transfert graduel de notre personnalité et de nos compétences vers une partie synthétique de notre intelligence.” Nous vivrons de plus en plus dans le monde virtuel qui deviendra impossible à distinguer de l’univers que nous appelons « réalité ». 
 
Cette pièce questionne le futur statut des consciences numériques immortelles. Si nous pouvions devenir des cyborgs, quelles seraient les conséquences pour nous-mêmes et pour notre monde ? Un futur utopique ou la fin de notre humanité ?
Lu Yanping

La lumière de la vie, Ruban adhésif, bandage, capteur, 2021

Il s’agit d’une silhouette de petite taille entourée de rubans blancs qui réagit aux spectateurs en émettant de la lumière et du son.  Quand un humain s’approche,  la lumière clignote ; quand il s’éloigne, le son émet différentes fréquences.
 
Ce travail questionne le déséquilibre entre l’homme et les technologies. Cette silhouette renvoie au devenir de l’humanité, à son besoin constant d’énergie et d’échanges virtuels pour le soutenir, telle une lampe qui s’éteint faute d’avoir reçu les ressources nécessaires. Dépendants de la communication virtuelle, nous avons peur de communiquer directement. 
Cette pièce a été réalisée avec l’aide de Adrien Descamps dans le cadre du module de Co-création, Polytech’Lille / Esä ». Elle a aussi reçu l’aide de Stéphane Cabée et de Nathalie Stefanov.

Quelques-unes des vues préparatoires à la mise en espace

Julie EVERAERT, Panellus-Stipticus, Installation
Pétigny, Hugo, IR
Laura Elias Soler, Vue microscopique
VASE Nina – Of flesh and pixels
Annaëlle Oestreich, Anemo Installation, ventilateurs
Blanche Taddei Prototype
Yanping Lu
Alexandre Kieber
Johanna Level
Alexis Bens, GALEA, installation vidéo, vue 3